De Sanaa à Damas, les manifestations se multiplient dans le monde arabe contre les raids meurtriers menés par Israël dans la bande de Gaza, tandis que les dirigeants de la région, profondément divisés, se concentrent pour le moment sur l'envoi d'aide humanitaire.
Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues des villes arabes pour condamner des frappes qui ont coûté la vie à près de 300 Palestiniens en 24 heures, en majorité des policiers du mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza.
Lors de ces manifestations, des critiques ont fusé à l'encontre de certains pays arabes, en particulier de l'Egypte, accusée de "complicité" avec l'Etat hébreu.
Dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban, le président égyptien Hosni Moubarak a été qualifié de "traître", tandis que l'ambassade d'Egypte à Beyrouth était dimanche la cible de pierres lancées par des centaines de manifestants, entraînant l'intervention des forces de l'ordre libanaises.
Les relations entre l'Egypte et le Hamas se sont refroidies après que le Caire eut accusé le mouvement islamiste d'avoir torpillé ses efforts en faveur d'une réconciliation interpalestinienne.
Fawzi Baroum, porte-parole du Hamas, avait affirmé à la radio du mouvement islamiste, que les raids israéliens étaient "un complot orchestré" avec l'Egypte après la rencontre jeudi entre le président égyptien Hosni Moubarak et la ministre des Affaires étrangères israélienne Tzipi Livni.
Dimanche, plus de 50.000 personnes ont manifesté dans une dizaine de villes d'Egypte, alors que plusieurs dizaines de milliers de Yéménites défilaient à Sanaa.
Dans le centre de Damas, des milliers de Syriens ont protesté contre "l'agression israélienne" et le "silence" des pays arabes, alors que des centaines de Palestiniens manifestaient dans l'enceinte de leur consultat à Dubaï.
Dans le nord de l'Irak, un Irakien a été tué et seize ont été blessés dans un attentat suicide au vélo piégé à Mossoul, lors d'une manifestation contre les raids israéliens.
Les dirigeants arabes, eux, n'ont toujours pas officiellement arrêté la date d'un sommet de la Ligue arabe proposé par la Syrie et le Qatar. De source diplomatique, on affirmait samedi qu'il aurait lieu vendredi prochain à Doha.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a fait savoir qu'il attendait les réponses officielles des pays arabes pour la tenue du sommet.
Seul parmi les dirigeants arabes, le numéro un libyen Mouammar Kadhafi a fustigé les réactions "lâches et défaitistes" des pays de la région face à l'offensive israélienne, et annoncé d'emblée qu'il n'assisterait pas à un "sommet qui fait jouer un disque rayé depuis longtemps".
Si les dirigeants arabes sont divisés concernant le Hamas, c'est en raison des tensions persistantes entre les pays dits "modérés", comme l'Arabie saoudite et l'Egypte et soutenus par les Etats-Unis, et les pays qui prônent la "résistance" contre Israël, notamment la Syrie et son principal allié non arabe, l'Iran.
Pour l'heure, les gouvernements se pressent pour offrir des aides humanitaires: deux avions qatariotes transportant 50 tonnes de matériel médical étaient attendus à l'aéroport égyptien d'al-Arish (dans le nord du Sinaï, à 40 km de Rafah), tandis le roi Abdallah d'Arabie saoudite a également décidé d'envoyer trois avions d'aide et proposé d'évacuer les blessés par avion.
La Libye, elle, a annoncé de son côté la mise en place d'un pont aérien pour évacuer les blessés palestiniens, tandis que le roi de Jordanie Abdallah II a décidé d'envoyer via Israël de l'aide alimentaire et du matériel médical.
Israël impose un blocus à la bande de Gaza depuis que le Hamas y a pris le pouvoir par la force en juin 2007. Le blocus a été renforcé début novembre, aggravant la situation humanitaire dans ce territoire.
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