Intellectuels, surveillez vos propos !
Shraga Blum
lundi 12 février 2007 - 14:58
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Cette maxime tirée des Pirké Avot était destinée dans sa version originale aux Sages, c'est-à-dire à ceux, qui à l’époque talmudique, étaient les uniques « diffuseurs » du savoir dans le peuple juif. A notre époque hyper médiatisée, les paroles prononcées ou écrites par quantité de personnes sont répercutées à travers le monde entier à la vitesse de la lumière, et n’appartiennent plus à leurs auteurs une fois exprimées. Leurs effets peuvent être dévastateurs comme l’a si bien dit le Roi Salomon : « La vie et la mort sont au bout de la langue ». Ou de la plume.
Au moment ou l’antisémitisme relève la tête tant en occident que dans le monde musulman, le dernier livre écrit par le professeur Ariel Toaf constitue un exemple tristement parfait du mal inutile, et du danger que peuvent provoquer à leur propre peuple des intellectuels juifs pensant contribuer à la culture universelle.
Sous le titre déjà évocateur de
« Pâques de sang – Les Juifs d’Europe et les accusations de meurtre rituel », le professeur Toaf, enseignant à l’Université Bar-Ilan, a jeté - consciemment ou non - un pavé dans la mare, qui provoque déjà une onde médiatique en Europe, et surtout en Italie où il a passé trois semaines. Les quotidiens italiens ont fait leurs gros titres sur « Ce professeur qui atteste pour la première fois que les Juifs ont effectivement pratiqué le meurtre rituel ». Ainsi, des siècles de dénégations risquent d’être balayées d’un revers de plume. On imagine aisément l’effet qu’une telle nouvelle aura dans les campagnes chrétiennes, ou l’utilisation qu’en feront les propagandistes musulmans déjà acquis à la cause depuis longtemps.
Mais qu’a donc écrit exactement le fils de l’ancien Grand Rabbin de Rome, et qui a provoqué un tollé dans toutes les communautés d’Italie, au point que son propre père a signé un document des rabbins italiens condamnant ce livre ?!
Il s’agit de deux éléments.
Premièrement, dans son ouvrage de 400 pages, il se penche en détails sur la célèbre Affaire de « Simon de Trente » qui, en 1475, avait défrayé la chronique en Italie. Un petit garçon chrétien avait disparu et avait été retrouvé assassiné à proximité de la maison du chef de la communauté juive, à quelques jours de la fête de Pessah’. Le bruit avait alors couru que c’étaient les Juifs qui l’avaient tué, afin d’utiliser son sang pour la fabrication des Matsot. De terribles persécutions s’étaient alors abattues sur les Juifs, non seulement dans la région, mais bien au-delà.
Le professeur Toaf, dans son livre, indique qu’à la suite des souffrances subies par les Juifs, certains d’entre eux, surtout parmi la communauté ashkenaze immigrée du nord de l’Italie, avaient nourri une haine ouverte contre les chrétiens, et que la violence verbale dont certains faisaient preuve, pouvaient faire croire qu’il seraient capables de passer à l’acte en versant le sang, malgré l’interdit de la Thora ».
Deuxièmement, il révèle à un autre endroit, que certains documents attestent qu’ « à la même époque, il n’est pas exclu que des Juifs aient consommé du sang séché mélangé à des herbes, à des fins thérapeutiques, malgré l’interdit thoraïque de consommer du sang. »
Pour la presse italienne, c’était suffisant : ces deux « renseignements » peuvent bel et bien confirmer la thèse qu’il y a bien eu des meurtres rituels au Moyen âge ! Plusieurs historiens italiens de renom ont même été contactés pour étudier ces nouvelles révélations. La communauté juive est sous le choc, et à l’Université Bar Ilan on déclare « attendre avec impatience les explications du professeur ».
De son côté, le professeur Toaf, qui est inondé de courrier et de téléphones depuis les révélations de la presse, crie « à la conspiration » et explique que la plupart des gens qui le critiquent n’ont même pas lu son livre. Il accuse la maison d’édition d’avoir fait courir ce bruit pour des raisons commerciales évidentes.
Quoi qu’il en soit, la responsabilité de cet universitaire est évidente. Le choix d’un sujet, la manière dont on le traite et le moment où on choisit de publier ne sont pas neutres. Ariel Toaf ne pouvait pas ignorer que certains détails de ce gros ouvrage ne manqueraient pas d’attirer l’attention de gens malintentionnés, et seraient utilisés contre le peuple juif, qui lutte tant bien que mal depuis des siècles contre toutes les accusations les plus sordides. Au total c’est du sang juif, et non pas chrétien, qui a été versé tout au long de l’histoire à cause de nos ennemis, mais aussi de ceux qui parmi nous apportaient de l’eau à leur moulin destructeur.
Le peuple juif a vraiment à craindre d’un certain nombre de ses intellectuels.
arouts7