PARIS (Reuters) - Les candidats à l'élection présidentielle ne pourront guère compter sur la croissance de l'économie française pour boucler le financement de leurs promesses.
Cette croissance a tout juste atteint 2% en 2006, à la traîne de celle de la zone euro, malgré un rebond au quatrième trimestre plus fort qu'attendu.
Le Produit intérieur brut (PIB) a en effet progressé de 0,6% à 0,7% en données corrigées des jours ouvrables et des variations saisonnières, après avoir stagné au troisième trimestre et augmenté de 1,1% et de 0,5% au deuxième et au premier trimestres respectivement, selon l'estimation précoce publiée mardi par l'Insee.
Au total, la croissance de l'économie française a tout juste atteint 2% l'année dernière dans le bas de la fourchette de 2% à 2,5% des prévisions gouvernementales.
Bien que supérieur au consensus des 40 économistes interrogés par Reuters qui tablaient en moyenne sur une croissance de 0,5%, le rebond du quatrième trimestre est le plus faible des grandes économies européennes.
Le PIB de l'Allemagne a progressé de 0,9% sur les trois derniers mois de 2006 par rapport au trois mois précédents pour lesquels la croissance a été révisée en hausse à +0,8% (contre +0,6% en première estimation).
Les économies italienne et espagnole ont enregistré une croissance de 1,1% au quatrième trimestre. Au total, le Produit intérieur brut de la zone euro a progressé de 0,9% au quatrième trimestre.
ABONNEE A LA CROISSANCE MOLLE
Sur l'ensemble de l'année 2006, la France figure aussi en queue du palmarès de la croissance en zone euro, dépassée par l'Allemagne pour la première fois depuis la réunification.
Le PIB allemand a progressé de 2,7% (2,9% en données ajustées des jours ouvrables) l'année dernière.
La croissance de la zone euro a quant à elle enregistré sa meilleure performance en six ans avec une croissance du PIB de 2,7%, près du double de celle de 2005 (1,4%), ce qui conforte les perspectives d'un nouveau resserrement de la politique monétaire par la BCE, le mois prochain.
"La France a bénéficié d'un environnement international exceptionnel, dont son économie n'a pas pleinement tiré parti", relève Nicolas Bouzou, économiste du bureau d'analyse indépendant Astérès, qui rappelle que la croissance des économies de l'OCDE en 2006 devrait atteindre 3,2%.
"La France reste abonnée à la croissance molle alors que le reste du monde file à toute allure", déplore-t-il.
"Au-delà du rebond finalement limité du quatrième trimestre, les chiffres publiés par l'Insee montrent donc bien que l'économie française n'est pas assez musclée", poursuit-il.
"Essentiellement tirée par la consommation des ménages et le secteur des services, l'économie manque en particulier d'un secteur industriel compétitif et innovant qui permettrait d'alimenter la croissance".
Même constat pour Olivier Gasnier, économiste à la Société générale, qui souligne "la déperdition extraordinaire du dynamisme de la consommation des ménages".
"On ne voit pas dans ces conditions comment enclencher la vitesse supérieure et réaliser une croissance supérieure à 2% l'an", dit-il.
Dans la loi de finances pour 2007, le gouvernement a reconduit l'hypothèse d'une croissance comprise entre 2,0 et 2,5% cette année.
Les données sur la croissance française publiées mardi par l'Insee sont susceptibles d'être révisées : les comptes nationaux trimestriels font en effet l'objet de trois publications successives, l'"estimation précoce", les "premiers résultats" et les "résultats détaillés", respectivement 42 ou 43 jours, 50 jours et 90 jours après la fin du trimestre.