Ai-je perdu mon humanité ?
C’est la question que je me suis posée quand je ne me suis pas sentie bouleversée par le nombre de morts civils de Gaza ni lorsque j’ai vu pleurer toutes les larmes de son corps une mère gazaouie.
Même si comme moi on considère que la contre offensive israélienne était nécessaire et légale au regard du droit international et que les victimes collatérales sont inhérentes à toutes guerres et en particulier, pour celle qui nous intéresse, une guerre que nous n’avons pas déclarée mais seulement à la quelle nous avons répondu, il n’en demeure pas moins que le fait que, les chefs du Hamas se planquant à Damas, il ne reste guère à Gaza que des femmes et des enfants.
Mon cerveau de femme de gauche bien sur réagit mais pas mon cœur, pas mes tripes. Pourquoi ? Aurais-je perdu mon humanité ? Aurais-je perdu ma capacité d’empathie ?
Et bien non, je ne crois pas. Bien au contraire. Bien sur je ne me réjouis pas, je laisse les cris d’allégresse à nos ennemis lorsqu’ils ont réussi à tuer un des nôtres. Nous autres juifs, nous ne pouvons pas danser sur leurs cadavres. Si je le faisais, prise d’une folie soudaine, je serai immédiatement marginalisée de ma communauté et j’aurai du mal à concilier ma joie avec mes principes moraux et religieux.
Mais réellement, comme le dit justement Wafa Sultan, comment puis-je me solidariser avec une femme qui pleure quand les israéliens tuent un de ses enfants alors qu’elle lance des youyous de jouissance quand un autre de ses fils se fait exploser contre les juifs?
Quant à mon empathie elle répond à une logique implacable : Si l’idéologie islamiste enseigne que tuer ou être tué permet au fidèle de gagner le paradis pourquoi devrais-je pleurer les Gazaouis si eux-mêmes s’en félicitent ?
Il suffit de regarder les chaînes de télévision comme Al-Jazira, qui connaît depuis quelques temps, un succès étonnant, il suffit de suivre les déclarations de certains ouleimas du Maroc ou d’Algérie pour comprendre que cette culture de la mort se répand comme tache d’huile dans les pays arabo-musulmans. Quel dommage qu’ils ne soient pas capables de comprendre que c’est ce qui les éloigne de la modernité.
Pendant que le monde occidental voue un culte à l’instant, au matérialisme et à l’épicurisme (je ne dis pas que c’est bien, je constate), eux se rapprochent chaque fois davantage de cette vie triste et ascétique que vantaient les chrétiens du Moyen-Âge qu’ils ont pourtant tant combattu il y a 5 siècles.
Lorsque Isabelle la Catholique n’approchait pour rien au monde un gant de toilette, les arabes, en ce temps là, faisaient pousser aux quatre coins de l’Espagne des fontaines d’eau parfumée. Lorsque Isabelle la Catholique et ses sujets se cloîtraient et se refusaient tout plaisir de la chair et des sens, les arabes eux inventaient les règles de la nouba. Lorsque les catholiques de l’époque inventaient le péché véniel de la gourmandise, les arabes créaient tous les jours de nouveaux mets et apprenaient à marier le sucré et le salé. Lorsque l’Eglise interdisaient à ses fidèles la lecture de la Bible, les musulmans s’adonnaient à l’Ijtihad (interprétation du Coran). Et enfin, lorsque le monde catholique s’enfermait dans l’ignorance et l’analphabétisme, du paysan au monarque, les arabes inventaient eux, les mathématiques, l’astrologie, la médecine et redonnaient ses lettres de noblesse à la poésie.
Ces islamistes ne voient-ils donc pas que leur heure de gloire ne passait pas par cette haine de la vie mais par son étude et son respect, et que s’ils veulent aujourd’hui redevenir ce qu’ils étaient, ils doivent nécessairement copier leurs anciens ?
Ne voient-ils pas que ces imams leur ont confisqué leur Livre pour mieux les asservir ? Le savoir c’est pourtant le pouvoir alors quand vont-ils le réclamer ?
J’ai de la peine pour cette culture perdue tout d’abord pour le principe et pour ce dont elle nous prive mais aussi parce qu’elle est responsable de la mort des miens (ça je sais le monde s’en fout) et des leurs.
Voyons donc ces dernières décennies ce que cette culture de la mort a provoqué dans leur propre rang :
- Plus de 200.000 musulmans Algériens ont été massacrés par d’autres musulmans Algériens ces quinze dernières années
- Plus de 30.000 citoyens syriens musulmans avaient été massacrés par les autorités (Hama en 1983)
- Saddam Hussein a enterré vivants plus de 300.000 chiites, et a gazé 182.000 Kurdes entre 1986 et 1989 pendant l’opération Al-Anfa
- Entre 1992 et 1994, 200.000 musulmans mourraient en Yougoslavie
- Entre 1992 et 1995, ce sont 100.000 morts bosniaques que l’on enregistre
- En 1996, 45.000 tchétchènes musulmans trouvent la mort sous les mains de leurs frères
- En 2005, au Darfour on compte 400.000 musulmans assassinés
- Au plus fort des bombardements de Gaza, le 5 janvier une femme musulmane, fidèle et pieuse, s’est faite exploser en Irak dans une mosquée chiite, tuant une trentaine d’innocents.
Alors j’ai envie de dire à cette femme qui pleurait à fendre l’âme des naïfs, que je vais, entre deux Qassams du Hamas, essayer de trouver le temps de pleurer ces 1.457.000 musulmans massacrés par d’autres musulmans que ni elle, ni ses coreligionnaires n’ont jamais pleurés, et ensuite je verrai s’il me reste encore des larmes pour les 900 Gazaouis.