| forum sepharade-janine politique, divers |
|
| Le Chagrin et la Pitié : le remake | |
| | Auteur | Message |
---|
jules
Nombre de messages : 9385 Age : 73 Localisation : Israel Tel aviv Yafo Date d'inscription : 17/03/2008
| Sujet: Le Chagrin et la Pitié : le remake Lun 19 Jan - 7:20 | |
| Jusqu’en 1969, date de la sortie du film de Marcel Ophüls, Le Chagrin et la Pitié, la mémoire collective française n’avait retenu de la période d’occupation allemande que l’image d’une France unanimement résistante. Ce film a eu l’effet d’une douche froide sur le peuple français qui se sentait héroïsé par les seuls récits autorisés jusqu’alors. Dans l’Histoire officielle, la Collaboration n’était le fait que d’une poignée de traîtres, pour la plupart jugés rapidement une fois la Libération intervenue. À partir de témoignages de Français de Clermont-Ferrand, anonymes pour la plupart, Ophüls restituait une réalité douloureuse et bien différente de celle qui prévalait. Les Français, en gros, lors de l’occupation allemande, se répartissaient comme suit : 10% de résistants, 10% de collabos, 80% de «pacifistes». Ces «pacifistes-là» n’étaient pas des militants de la Paix. Il faut comprendre ce «pacifisme» dans le sens du «foutez-nous la paix». Ce qui importait à ces Français était de survivre, de faire le dos rond en attendant des jours meilleurs, même s’il fallait pour cela se forcer à être indifférents au sort de compatriotes juifs, des voisins souvent, des amis parfois, que l’on envoyait à la mort. Plus jamais ça ! Il est facile, de nos jours, dans nos sociétés confortables où la guerre ne s’invite que sur un écran de télévision que l’on peut éteindre à souhait, de critiquer ces comportements. Nul ne sait, en réalité, comment on aurait réagi soi-même face à la tragédie de l’époque. Pourtant, à la sortie des salles, le public de 1969, abasourdi, semblait convaincu qu’on ne l’y reprendrait plus. Après la projection, sur les trottoirs, nous nous retrouvions avec 100% de résistants. «Plus jamais ça !» répétait-on à qui voulait l’entendre. Un ogre totalitaire pouvait bien se présenter à nouveau : il aurait affaire à 50 millions de maquisards déterminés. Mais comme chacun sait, la France est un pays complexe et ambigu. Par exemple, le fait que ce film ait été censuré pendant dix ans à la télévision est révélateur de la difficulté que ce pays éprouve à regarder son image quand on lui tend un miroir non déformant. http://www.primo-europe.org/selection.php?numdoc=Tr-681914358 | |
| | | adm-janine Admin
Nombre de messages : 147666 Age : 77 Localisation : paname Date d'inscription : 19/11/2006
| Sujet: Re: Le Chagrin et la Pitié : le remake Lun 19 Jan - 8:25 | |
| simone veil s'est toujours élevée contre ce film qu'elle trouve peu conforme à la réalité | |
| | | guitl
Nombre de messages : 57558 Localisation : PARIS BIEN ENTENDU Date d'inscription : 20/11/2006
| Sujet: tri Lun 19 Jan - 9:12 | |
| De Gaulle avait décidé que la France avait été résistante, d'ailleurs certaines scènes ont été coupées dans ce film, celle où l'on voyait un policier français participer à la déportation des Juifs - d'ailleurs c'est à tel point, ce silence, que même moi je ne me suis jamais posé la question concernant le père gendarme d'une amie d'enfance - pour apprendre au détours d'une conversation, il y a une bonne dizaine d'années, que le papa avait été gendarme à Drancy, et que "la famille avait souffert du froid, les gendarmes étaient mal chauffés". J'avoue que ça m'a fait un choc, ce manque de compassion envers les internés, cette indifférence à mon avis est une indifférence familiale, mon amie ne faisait que rapporter l'histoire familiale ; d'où mon père, déporté à partir de Drancy, était exclu. Les gendarmes faisaient des rondes près de la gare, la nuit, afin d'éviter les résistants (nombreux dans la région, le 9.3 à l'époque était communiste, les Fusillés du Bois de Boulogne en sont originaires).
Et je me suis dit à l'issue de cette conversation que mon amie (je suis sa meilleure amie a-t-elle dit à sa fille, dont je suis la marraine) en fait ne réalisait pas que son père avait peut être écrit le nom de mon père sur les listes des déportés, peut être qu'il lui a touché l'épaule pour le comptabiliser lors de la montée dans le train, peut être l'a-t-il regardé, comme on regarde un mouton que l'on mène vers l'abattoir? un regard indifférent, froid, la victime n'a plus rien d'humain, elle est déjà un numéro. La ville de Paris, médaillée militaire : Je ne sais plus combien de jours se sont écoulés entre la dernière visite de Pétain, à Paris, reçu comme un chef d'état bien aimé, comme le sauveur de la Patrie, et la Libération ; peu de jours, en fait. Et la foule pour applaudir Pétain était nombreuse. Des parisiens. Et Paris a reçu la médaille de la Libération, alors que la ville ne s'est jamais libérée ; les républicains espagnols sont les premiers "français" à être entré dans la ville, avec les chars de l'armée de Leclerc qui portaient les noms des villes d'Espagne tombées aux mains de Franco.
Je refuse de juger la France, parce que je pense qu'on lui a menti, comme on ment à un enfant qui fait des grosses bêtises, et que l'on n'ose punir ; On a raconté à la France qu'elle a résisté, mais en fait elle ne pensait qu'à bouffer, la France, et c'est ça qui a été costaud. Ne jamais la laisser vraiment mourir de faim, mais ne jamais lui permettre de se nourrir à sa faim ; elle n'avait plus qu'une seule obsession, trouver à bouffer. Par le papa gendarme de mon amie, je sais aussi que des lettres de dénonciation arrivaient nombreuses à la P.P. de Paris - En fait, rien d'extraordinaires, rien d'inhumains dans ces histoires, c'est l'histoire de mecs minables, jaloux de leurs voisins, racistes parce que certains voisins ont un drôle d'accent, parce qu'ils ont rêvé d'être dans le lit de dames dont ils ont dénoncé les époux, sans se rendre compte quelquefois de l'horreur commise.
Je crois qu'une nation ne peut se corriger si elle ne se regarde pas comme elle est ; non, la France n'a pas été résistante, mais elle n'a pas été raciste. Il ne faut pas oublier que 75% des Juifs de France ont été sauvés. Il faut comparer ces chiffres avec la Hollande. Les français ne sont pas des héros comme l'auraient rêvé le Général De Gaulle, mais ce ne sont pas non plus d'affreux collaborateurs pour la plupart.
L'humain est plus souvent un minable qu'un héros. | |
| | | georges972
Nombre de messages : 24428 Age : 77 Localisation : Israel Date d'inscription : 20/11/2006
| Sujet: Re: Le Chagrin et la Pitié : le remake Lun 19 Jan - 9:53 | |
| Eh bien, moi j'ai eu la chance de connaitre un policier francais qui a recu la Medaille des Justes. Et pourtant, quand j'etais gosse, je le detestais toujours quand je le voyais revenir chez lui (nous etions voisins, il habitait au quatrieme, nous au troisieme) dans son uniforme bleu. Et cette facon d'utiliser le telephone de mes parents comme si il n'avait pas les moyens de se faire mettre une ligne. Des annees apres, j'evoquais ce "sale" bonhomme devant ma mere. Et elle s'indigna en m'expliquant que cet homme etait un heros, qu'il prevenait chaque jour les Juifs candidats a la deportation. J'ai trouve son nom sur la plaque des Justes au Memorial de la Shoah a Paris. La scene la plus marquante, pour moi, de ce film, c'est cet agent de police qui se met au garde-a-vous et salue la voiture d'Hitler a cote de l'Opera. On devrait se rappeler toujours que "seuls" 25% des Juifs de France perirent, ce qui signifie que pas mal de monde ont du se mobiliser pour sauver les 75% restants. Comparons avec l'Europe de l'Est, ou meme avec la tres proche Hollande! | |
| | | guitl
Nombre de messages : 57558 Localisation : PARIS BIEN ENTENDU Date d'inscription : 20/11/2006
| Sujet: Re: Le Chagrin et la Pitié : le remake Lun 19 Jan - 10:01 | |
| Georges, des gendarmes à Montfermeil nous ont prévenu qu'ils allaient venir nous ramasser, et un flic (inspecteur principal) a prévenu mon père de la rafle du vel d'hiv. J'ai dit à mon frère qu'il fallait lui faire donner la médaille des Justes, mais il m'a dit "pour nous qui avons été sauvés, de combien de juifs a-t-il permis la déportation?" et à ça tu ne peux rien répondre. Donc, à part le merci d'après guerre, quand mon père est rentré du camp, les invitations à déjeuner à la maison, il n'y a pas eu de médaille. | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Le Chagrin et la Pitié : le remake | |
| |
| | | | Le Chagrin et la Pitié : le remake | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|