Gaza: les Arabes divisés tiennent un sommet
Après avoir étalé au grand jour leurs divergences pendant trois semaines, les pays arabes débattront enfin lundi de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza lors d'un sommet économique à Koweït, mais un peu tard, les combats étant officiellement terminés.
"Ils ont donné à Israël le temps de finir le travail", a déclaré à l'AFP l'analyste libanais Abdelwahab Badrakhan à propos de "certains pays, notamment l'Egypte, qui n'ont pas voulu que le mouvement islamiste Hamas confirme son autorité sur Gaza, ce qui créerait un précédent dans la région".
Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis un coup de force contre les forces du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas en juin 2007, était la cible de l'offensive israélienne, qui a fait au moins 1.300 tués et 5.300 blessés en 22 jours.
Après qu'Israël eut proclamé samedi soir un cessez-le-feu unilatéral, le Hamas a, à son tour, annoncé dimanche un cessez-le-feu et donné une semaine à l'armée israélienne pour se retirer de Gaza.
Pendant toute la durée de l'offensive, les 22 membres de la Ligue arabe se sont querellés sur l'opportunité de réunir ou pas un sommet extraordinaire consacré à Gaza, confirmant leur division entre deux camps pro et anti-Hamas.
En conséquence, "la politique des axes a refait surface dans la région, les pays arabes s'étant divisés en un camp dit des +modérés+, conduit par l'Egypte et l'Arabie saoudite, et un camp dit de +l'extrémisme+, mené par la Syrie avec le soutien de l'Iran", a poursuivi M. Badrakhan.
Le Qatar, un petit pays du Golfe riche en gaz naturel, a mené un bras de fer avec l'Egypte et l'Arabie saoudite et réclamé à trois reprises un sommet extraordinaire que la Ligue arabe a dit ne pas pouvoir réunir "faute de quorum".
L'Arabie saoudite a alors pris l'initiative de réunir jeudi dernier à Ryad un sommet des six monarchies pétrolières du Golfe, dont le Qatar, qui, selon elle, "a ressoudé les rangs du CCG".
Mais dès le lendemain, le Qatar organisait à Doha un mini-sommet de 12 pays arabes, avec la participation des chefs des groupes palestiniens radicaux basés à Damas, dont Khaled Mechaal, le leader du Hamas, mais aussi le président iranien Mahmoud Ahmadinejad.
M. Ahmadinejad, dont le pays est un allié du Hezbollah chiite libanais, n'a pas hésité à faire le signe de la victoire devant les caméras de télévision à l'ouverture du sommet de Doha.
Tenu en l'absence de Mahmoud Abbas -- "soumis à des pressions", selon le Premier ministre qatari cheikh Hamad ben Jassem Al-Thani -- ce sommet a été couronné par l'annonce par le Qatar et la Mauritanie de la "suspension" de leurs relations avec Israël.
Les participants ont appelé les autres pays arabes à rompre avec Israël, dans une référence à l'Egypte et à la Jordanie, et ont adopté un document en 11 points prévoyant aussi "la suspension" de l'initiative de paix arabe de 2002 et prônant la création d'un fonds de reconstruction de Gaza qui sera soumise au sommet de Koweït.
"Nous ne devons pas rater l'occasion de rétablir notre unanimité sur notre grande cause, celle de la Palestine", a déclaré dimanche à Koweït le Premier ministre libanais, Fouad Siniora.
"Il est inacceptable et inadmissible que se poursuivent les divergences interarabes", a-t-il ajouté à la veille d'un sommet que les organisateurs koweïtiens ont placé sous le signe de "la solidarité avec Gaza".
Si le Hamas a gagné en popularité dans le monde arabe et obtenu une certaine légitimité lors du mini-sommet de Doha, le président palestinien Mahmoud Abbas est contesté par plusieurs députés koweïtiens, notamment islamistes, qui l'ont déclaré "indésirable" au sommet de Koweït.
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