Au milieu des décombres, les hauts-parleurs des mosquées clament "victoire"
Epuisés et sonnés par trois semaines de guerre, les Palestiniens de Gaza sortent timidement dans les rues. Les destructions sont énormes. Au milieu des décombres, les hauts-parleurs des mosquées clament: "le Hamas félicite notre peuple pour la victoire".
Photo Mahmud Hams AFP
Aux premières heures du matin, dimanche, seules quelques dizaines de personnes s'aventurent dans le centre de Gaza-ville, qui a vécu assiégé par les chars israéliens depuis le 3 janvier. Peu à peu le flot grossit, chacun souhaitant voir l'ampleur des dégâts.
Une aile du Parlement palestinien, récemment construite, n'est plus désormais qu'un tas de blocs de pierres, tout comme plusieurs magasins et des officines de change de la rue Omar al-Mokhtar.
Plusieurs mosquées et l'ensemble des quartiers généraux de la police ont connu le même sort, entièrement détruits par les bombardements de l'aviation israélienne qui a pilonné l'ensemble du territoire lors de plus de 2.500 raids aériens. Un record absolu.
Profitant du calme relatif, les ambulances progressent de ruines en ruines à la recherche de corps. Une centaine ont été découverts depuis dimanche matin à Jabaliya et Beit Lahya, deux villes au nord de Gaza, où les combats les plus féroces ont eu lieu. Pourtant au milieu du chaos, du deuil et de la mort, des imams clament la victoire.
"Le mouvement islamiste Hamas félicite notre peuple pour sa victoire courageuse", lance les hauts-parleurs de la mosquée al-Kinz, sur laquelle flottent les drapeaux verts du mouvement islamiste. "Nous félicitons les Brigades (al-Qassam, la branche armée du Hamas) qui se sont jetées dans la bataille et ont gagné. Nous saluons les héros martyrs. Nous saluons les chefs (Nizar Rayane) et (Saïd) Siam", tués dans l'offensive, clame encore l'imam d'une voix perçante.
Mais chez les habitants, il est difficile de déceler le triomphalisme exprimé par le Hamas, alors que quelque 1.300 personnes ont été tuées, dont au moins la moitié des civils, nourrissons, enfants, femmes. "Il n'y a plus de maison ici. C'était chez moi", se lamente Yahya Karim, devant les ruines de sa maison dans le quartier de Zeitoun. "Tout a été détruit".
Tout, autour de lui, témoigne de la féroce offensive israélienne: des carcasses de voitures brûlées, des trous béants d'obus sur les routes, ravagées par les chenilles de chars. "Je demande à (Ehud) Olmert (le Premier ministre israélien): Pourquoi avez-vous détruit ma maison. Je ne suis pas Hamas. Je n'appartiens à aucun groupe politique. Je suis un civil. Je veux la paix", lance-t-il incrédule.
La haine se voit dans ses yeux: "C'est un massacre, contre notre peuple, contre nos maisons. Que Dieu anéantisse les juifs". Tal al-Hawa, un quartier du sud de Gaza. Là encore, des ruines partout. La façade de l'hôpital al-Quds, qui a pris feu il a quelques jours après avoir été visé par un obus israélien, est noire. Les rues n'ont presque plus de goudron.
"Partout où je regarde, tout n'est que ruines. De la fumée s'échappe encore de certains endroits", dit un habitant. Jumma Nasser, 62 ans, revient pour la première fois dans le quartier, qu'il avait fui au début de la guerre pour échapper aux bombardements.
"Regardez ça! Tous mes produits ont été détruits par les tirs de chars", dit-il devant les étalages calcinés de son épicerie.
Un autre habitant, Amer, est venu seul. Il n'a pas souhaité emmener avec lui sa femme et ses enfants de crainte que les tirs ne reprennent. "Sans un cessez-le-feu complet entre Israël et le Hamas, je ne reviendrai pas chez moi".
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