Bernheim : les propos de Richard Williamson sont abjects !
02/02/09
- - Thème: Religion
Le Monde publie, lundi 2 février 2009, une interview du grand rabbin de France, Gilles Bernheim, qui devait être officiellement investi dans ses fonctions lors d'une cérémonie à la grande synagogue de la Victoire, dimanche 1er février. Placée sous la présidence du président du Consistoire central, Joël Mergui, elle s’est déroulée en présence de nombreuses personnalités politiques, religieuses et intellectuelles. Agé de 56 ans, M. Bernheim a été élu en juin 2008, en remplacement du grand rabbin Joseph Sitruk. Il est également vice-président de l'Amitié judéo-chrétienne de France.
Comment réagissez-vous à l'annonce par le pape Benoît XVI de la levée de l'excommunication de quatre évêques intégristes, dont l'un, Monseigneur Williamson, a tenu des propos explicitement négationnistes ?
Cette annonce m'a fait très mal en tant que juif et en tant que militant du dialogue entre les religions. Nier la Shoah, c'est insulter la mémoire des six millions de juifs morts dans les camps. Les propos de Richard Williamson sont abjects. En France et en Allemagne, ils sont punis par la loi. Une fois passé le choc, j'ai entendu les condamnations de mes amis chrétiens. Oui, " ces propos ne sont pas ceux d'un chrétien", comme l'a dit Monseigneur Barbarin, l'archevêque de Lyon.
Néanmoins, j'ai aujourd'hui plusieurs questions sans réponse. Comment le pape pouvait-il ignorer le négationnisme de Richard Williamson ? Si la levée de l'excommunication est une invitation à la réconciliation, comment se réconcilier avec celui qui s'est exclu de la chrétienté par ses propos ? Comment dialoguer avec cet autre qui voit dans la négation de la Shoah une opinion personnelle ? Et que se passera-t-il si les quatre évêques qui ne sont plus excommuniés continuent de refuser Vatican II et Nostra Ætate (la déclaration adoptée en 1965 par le concile Vatican II affirmant le lien historique entre les judaïsmes et le christianisme) ?
Ces questions m'inquiètent. Comme beaucoup de chrétiens et de juifs, j'attends des réponses claires.
… Quels seront vos chantiers à la tête du grand rabbinat ?
Je constate une très grande attente des petites et moyennes communautés qui manquent d'enseignants et de rabbins. Joël Mergui, le président du Consistoire central, et moi-même avons une conscience aiguë des efforts à effectuer pour répondre à leurs problèmes. Ensemble, nous cherchons chaque jour des solutions. Et nous réussirons avec l'aide de nos rabbins, formés à l'école rabbinique de Paris, munis à la fois d'une profonde érudition dans la loi juive et du large savoir culturel qui est aujourd'hui indispensable en France pour rendre accessible à tous, croyants ou non, l'apport de notre sagesse.
Photo : D.R.
crif