La Knesset introuvable
Cette semaine, nous souhaiterions attirer lattention de nos lecteurs sur les élections législatives israéliennes qui se sont déroulées mardi 10 février. Drôles délections pour de drôles de résultats
Les électeurs israéliens ont choisi deux vainqueurs. Le leader du Likoud et la Présidente de Kadima. Les deux rivaux ont atteint leurs objectifs. Le premier souhaitait faire gagner un « bloc des droites » et Tispi Livni avait pour rôle dinscrire le Parti fondé par Ariel Sharon dans la durée. Les partis centristes navaient jamais vécu plus longtemps quune Knesset. Kadima sinscrirait durablement dans le paysage politique israélien. Malgré le succès incarné par Avigdor Lieberman dune droite radicale qui devient la troisième formation de la nouvelle Knesset, le Likoud retrouve une position de parti de gouvernement.
Les Israéliens ont voté pour plus de trente formations différentes. La probabilité pour que lune dentre elles parvienne à distancer ses concurrentes était faible. Les résultats ont montré la complexité de léchiquier politique, le risque dune coalition gouvernementale trop fragile, dans une Knesset où la majorité pourrait bien être introuvable.
Celui qui réussira à former une coalition devra nécessairement composer avec des formations politiques dont les idées et les idéaux sont radicalement différents, inconciliables souvent.
Si Benyamin Netanyahou réussit à former une coalition, ce sera la victoire dun bloc ancré à droite. Une alliance politique avec Israël Beteinou, que craint toutefois la nouvelle administration américaine, permettrait au Hamas, comme au Hezbollah de trouver un prétexte pour poursuivre la stratégie du terrorisme. Car il sagit dune stratégie ininterrompue. Malgré la trêve, des missiles sont tombés cette semaine sur le Néguev occidental.
Si Tsipi Livni devient Premier ministre, elle devra aussi trouver des compromis avec des formations politiques qui estiment la sécurité dIsraël tout préalable aux pourparlers engagés avec les Palestiniens. En tout état de cause, elle aurait des difficultés à respecter le programme quelle sest engagée à mettre en uvre. Ancienne Ministre de la justice, Tsipi Livni ne pourrait reporter cette fois une réforme des institutions politiques ; le changement du mode de scrutin ou la rédaction et ladoption dune constitution sont devenus des priorités.
Les deux-tiers des Israéliens ont voté ; une mobilisation relativement forte dans un contexte politique et social qui génèrerait dans la plupart des régimes démocratiques occidentaux une inquiétante apathie politique.
Les Israéliens ont voté, bien quIsraël souffre des guerres que génère linsécurité. La pression diplomatique exercée sur lEtat juif pendant la guerre contre le Hamas montre surtout lincompréhension et lindifférence de la communauté internationale. 8000 missiles ont été tirés sur le sud dIsraël ces huit dernières années.
Après trente morts, des centaines de blessés, des milliers de personnes traumatisées, des enfants de huit ans qui vivent depuis leur naissance au rythme des alertes, Israël na pas eu le droit de faire la guerre au terrorisme. Pourtant, Ariel Sharon avait bien créé « Kadima » pour rassembler au-delà des partis avant de se lancer dans un processus de désengagement unilatéral. Une paix forcée, qui na fait quexacerber les violences et les crimes du Hamas contre lEtat hébreu.
Avec le désengagement de Gaza, les Israéliens se souviennent aussi de la Deuxième guerre du Liban, conduite sous la responsabilité du travailliste Amir Peretz, célèbre syndicaliste et piètre stratège militaire. Malgré la popularité acquise par Ehoud Barak au cours de la guerre contre le Hamas, les Israéliens ont abandonné la principale formation politique de lhistoire dIsraël. Sans programme ni campagne, les colistiers dEhoud Barak ont annoncé quils rejoignaient lopposition, pour mieux se reconstruire, sadapter à un électorat qui a choisi pour lessentiel la voie de la vigilance
Malgré tout, les Israéliens ont voté parce quils ont une conscience forte des enjeux formidables qui sannoncent au programme législatif de la 18ème Knesset. Ils ont voté, parce quils sont les premiers témoins que la démocratie est rare au Moyen Orient.
Cette semaine, nous pensons à Guilad Shalit, soldat de Tsahal et citoyen français, otage du Hamas depuis 965 jours.
A la semaine prochaine,
Guy Senbel.
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