Parmi la multiplicité des débats suscités par les attentats du 11 septembre 2001, il en serait un qui affecterait plus particulièrement les forces armées : celui de leur engagement contre le terrorisme.
La « guerre au terrorisme », paradigme ultime du conflit asymétrique, serait venue tirer les militaires de la routine des opérations de maintien de la paix pour des missions plus en accord avec leurs capacités réelles et les budgets consentis par les Etats pour l’entretien d’un outil de défense. Cette plongée du militaire dans la lutte antiterroriste, leur implication essentielle dans la guerre au terrorisme, aurait transformé par là même la nature politique, organisationnelle et même sociale de leurs rapports avec le monde de la police et accessoirement celui des magistrats. En quelque sorte, la lutte antiterroriste verrait la fusion ultime des mondes policiers et militaires, fusion consacrée par sa version la plus aboutie : la guerre au terrorisme.
De manière surprenante, ce débat n’a pas épargné les pays de l’Union Européenne et en particulier ceux déjà concernés historiquement par le phénomène terroriste : la France, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume Uni, l’Espagne, la Grèce ont tour à tour depuis 30 ans eu maille à partir à des degrés divers avec le phénomène terroriste. Autant de pays dont on aurait pu croire qu’ils avaient déjà éprouvé par le passé les limites de la participation des forces militaires à la lutte antiterroriste, son ambiguïté et sa dangerosité. C’est donc dans cette logique qu’il est maintenant demandé aux forces armées de l’Union Européenne et de l’OTAN de contribuer davantage, et à des niveaux variables, à cette lutte antiterroriste. Toute la question serait donc de savoir comment les forces armées peuvent ou doivent se positionner dans le nouveau combat mené contre le terrorisme.
Tenter de répondre à cette question, c’est éclaircir un débat déjà ancien sur la nature de la menace terroriste, sur la militarisation des taches policières et sa contrepartie, la « policiarisation » des missions militaires. Cependant, de manière plus contemporaine, c’est également tenter de reconsidérer le caractère exceptionnel des attentats du 11 septembre 2001, c’est-à-dire de faire pièce à un débat qui s’est nourri autant d’images traumatiques, de discours officiels, de conflits de compétences que d’une véritable analyse, politique et stratégique, de la nouvelle menace à laquelle il s’agissait de se confronter.
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