C’est un appel humaniste à l’Europe.
La force de dire non à la perversité d’un Durban II.
La sagesse de dire oui à la laïcité active.
Deux actes de paix en politique.
APPEL HUMANISTE A L’EUROPE :
NON A DURBAN II, OUI A LA LAICITE ACTIVE !
Daniel Ducarme
Ministre d’Etat de Belgique
L’attention se focalise sur la crise du système bancaire et économique, sur ses répercussions sociales et les risques d’instabilité du monde. C’est un devoir. Il est juste de rechercher des solutions concrètes. Cependant, nous vivons un séisme mondial et le cap de la cohésion sociétale stable et durable sera difficile à tenir.
Comme toujours en temps troubles, la question « d’où vient ce mal ? » est posée. Pire que le populisme, c’est le retour à l’agitation des obscurantismes, le rejet du Darwinisme et les velléités de réintroduction du religieux dans l’ordre juridique.
C’est l’heure de la laïcité active. D’urgence, même si des modifications de texte sont annoncées, il faut maintenir une totale pression sur le projet de Genève de Durban II qui veut faire entrer la charia dans le droit des pays occidentaux. Sans cette dénonciation, nous savons que certains poursuivront à nier le droit commun pour y substituer des règles religieuses dans la vie quotidienne des familles, en marge et au mépris de l’Etat de droit. C’est d’autant plus l’heure de se mobiliser et de combattre l’antisémitisme qui s’affirme avec impunité. Il ne peut y avoir d’abandon facile, d’«esprit de Munich», sur nos valeurs, leur sauvegarde, leur absolu maintien..
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Le peu d’empressement de la communauté internationale à préserver le site d’Auschwitz est troublant. L’absence de poursuites judiciaires à charge de l’évêque Williamson pour négationnisme est interpellante, comme l’attitude d’un professeur de religion islamiste d’une école laïque de Bruxelles qui nie la vérité du témoignage d’un rescapé des camps de la mort. Comme l’assimilation par certains de l’affaire Madoff à un méfait financier juif mondial inquiète à juste titre
C’est l’heure de lancer un Appel humaniste à l’Europe. Pour la tolérance, la confiance dans la science, l’intransigeance contre les obscurantismes, la réconciliation des philosophies et des religions sur le socle de nos valeurs.
Agir pour ne pas subir : l’heure de rallumer la flamme de la laïcité dans la société.
Un, instaurons à l’école, le cours de philosophie et des religions en lieu et place de la « ségrégation de l’apprentissage des cultes ». Le pouvoir politique a le devoir de créer les conditions de cet apprentissage. Sans le doute, il n’y a pas de tolérance.
Deux, renforçons l’Etat laïc et renonçons à la neutralité. Sans « stigmatiser », il faut condamner et réprimer l’utilisation d’un « dieu » à des fins violentes et d’exclusion. Le principe d’égalité est menacé par la passivité de la neutralité publique. Nous avons besoin d’un Etat laïc fort qui ose nos valeurs de liberté et d’égalité.
Trois, fondons dans l’Etat laïc la réconciliation des philosophies et des religions sur notre socle commun des valeurs. L’activisme militant de la haine casse le dialogue. Les églises et les communautés philosophiques doivent s’insérer dans l’ordre de l’Etat laïc. Elles doivent reconnaître la « Convention européenne des Droits de l’homme », se réunir en un « Conseil des Religions et des Philosophies ». Elles doivent adopter une charte de respect et de tolérance reconnaissant la démocratie libérale, les valeurs de liberté, de responsabilité, d’égalité, de fraternité et de solidarité sociale et la pertinence de la science. Nous avons besoin d’une réconciliation forte des églises et des temples autour des valeurs séculaires de nos sociétés. C’est vital pour notre conception de la démocratie.
Quatre, exigeons que l’intégration passe par l’affirmation de l’appartenance avant de réclamer la différence. L’intégration doit garantir la richesse des diversités mais il est impératif d’affirmer son appartenance avant de réclamer sa différence. Ce n’est pas une obligation mais un devoir de déclarer son adhésion, de partager les valeurs communes, notamment pour l’égalité entre hommes et femmes. Nous avons besoin que l’intégration soit une réussite fraternelle.
Cinq, pour nos valeurs à partager, américanisons notre travail social. L’on a trop peu fait référence à l’engagement social d’Obama au début de sa carrière. En s’intégrant aux travailleurs sociaux de Chicago, il a contribué à cette politique d’intégration qui fait comprendre aux bénéficiaires « ce que mon voisin fait de meilleur par l’effort, je suis capable de le faire, j’en ai le devoir ». Nous avons moins besoin d’assistance sociale que de travail social d’émancipation.
L’Europe doit retrouver l’audace de liberté, le souci d’égalité, la volonté de fraternité. En permettant trop de marquer les différences au lieu d’exiger le partage de notre socle commun de valeurs, elle hypothèque le respect du principe d’égalité.
Pour contrer cette menace, au nom de la tolérance et de la liberté de croyance, d’expression et de pensée, les philosophies et les religions doivent approuver publiquement nos valeurs européennes, sécularisées par d’âpres luttes, souvent sanglantes, pour l’émancipation de l’humanisme et l’avènement des Lumières. La même démarche d’approbation doit être accomplie par les personnes.
L’Union Européenne doit prendre un nouveau tournant pour assurer la relance de sa construction après l’élection du Parlement Européen du 7 juin prochain et la Ratification du Traité de Lisbonne. Elle doit donner une importance identique, d’une part aux mesures concrètes et matérialistes pour sortir de la crise, et d’autre part au socle culturel et spirituel à partager.
C’est un appel humaniste à l’Europe.
La force de dire non à la perversité d’un Durban II.
La sagesse de dire oui à la laïcité active.
Deux actes de beauté en politique.
Daniel Ducarme
Bruxelles, le 17 mars 2009 (Texte complet sur Facebook).
http://www.valeurs-europe-values.org