Les pressions économiques peuvent-elles contraindre Téhéran à abandonner son programme nucléaire? Malgré les démentis, Washington semble tenté par une "solution militaire"
"Nous ne préparons pas une guerre contre l'Iran", répète Robert Gates, successeur de l'impérieux Donald Rumsfeld à la tête du Pentagone. Les faits sont là, cependant. Un deuxième porte-avions américain a rejoint le golfe Persique. Fin janvier, déjà, George W. Bush prenait soin de confirmer son ordre de capturer ou d'abattre les membres des forces spéciales iraniennes venues encadrer les milices chiites de Moqtada al-Sadr et consorts.
Depuis, les commandos américains n'ont pas chômé, organisant même, sans souci de discrétion, l'enlèvement à Bagdad de cinq diplomates de l'ambassade d'Iran. La ligne est tracée: en dépit du fiasco irakien, George Bush reste George Bush, et l'Amérique, une puissance toujours déterminée à endiguer les ambitions régionales de l'un des derniers rebelles du Moyen-Orient. Cet Iran, honni par les Américains depuis la prise d'otages à l'ambassade de Téhéran, en 1979, et les attentats de Beyrouth, dans les années 1980, aujourd'hui dirigé par un président, Mahmoud Ahmadinejad, dépeint par plusieurs congrégations évangéliques comme une incarnation de Satan. L'acharnement du pays à vouloir se doter de l'arme nucléaire en fait désormais une cible privilégiée des Etats-Unis.
Lors de sa première conférence de presse de l'année, le 13 février, le président Bush a pris soin de ne pas insister sur le danger des armes de destruction massive, galvaudé par la propagande anti-Saddam, préférant déballer ses «preuves» d'une implication iranienne dans la livraison de bombes antichars aux milices chiites.
Pour toute réponse, les journaux télévisés américains ont longuement spéculé sur l'opportunité de ces révélations, laissant l'antenne aux partisans du dialogue avec Téhéran. «Pour libéraliser un Etat théocratique, il vaudrait mieux en finir avec la stratégie de l'étranglement, confirme Ray Takeh, spécialiste de l'Iran au Council on Foreign Relations, un centre d'analyse new-yorkais. Une politique de dialogue inconditionnel et de levée des sanctions aurait tôt fait d'affaiblir les durs du régime.» Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants, a souligné, le 15 février, que le président n'a «pas autorité pour aller en Iran.»
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