L'annonce de la réduction des troupes britanniques en Irak ne pouvait manquer de déclencher des débordements dans la presse, compte tenu de l'opposition forcenée de la majorité d'icelle. Alors que certains journaux ont publié des récits factuels, d'autres se sont livrés à des excès qu'il vaut la peine d'étudier. Un cas d'école est ainsi un article publié ce matin dans Le Temps et écrit par Luis Lema ; sous le titre "Irak: l'illusion rompue d'une force multinationale", ce texte est un exemple extrême des dérives médiatiques contre lesquelles il est nécessaire de se prémunir. Extrait :
Officiellement, le général américain qui vient de prendre le commandement des opérations dans l'ancienne Mésopotamie est toujours à la tête d'une armée internationale. Certes, avec quelque 141000 hommes déployés, les Américains ont toujours joué le premier rôle. Mais jamais les porte-parole de la Maison-Blanche ne se réfèrent aux troupes en présence autrement que par le terme de «forces alliées».
La décision de Tony Blair de ramener à la maison une partie des soldats britanniques, annoncée hier (lire ci-dessous), a fini de fissurer cette illusion. Même l'allié le plus fidèle de George Bush fait aujourd'hui machine arrière. Les 21500 soldats américains supplémentaires en voie de départ ne trouveront pratiquement en Irak que des collègues américains. Et des miliciens décidés à les combattre.
Ainsi, alors que le retrait progressif des troupes britanniques est rendu possible par la situation relativement stable des zones dans lesquelles elles sont engagées, cette décision logique est interprétée comme la preuve que les contingents multinationaux déployés depuis l'été 2003 n'étaient qu'une illusion, et que les Américains ont toujours été presque seuls, isolés, unilatéraux, opposés au monde entier (et surtout, crime inexpiable on le suppose, à l'opinion de l'auteur de ces lignes). On se demande comment de telles choses peuvent être écrites dans un journal aussi estimé que Le Temps. Car un tel niveau de déformation et d'aveuglement verse carrément dans l'ignominie.
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