Au nom du Petit Prince…

Il est de bon ton de prophétiser actuellement la fin de la diaspora juive en France dans quelques années, même si la vague d'Aliah que l'on attendait est loin de se transformer en phénomène de raz de marée. Il reste cependant un domaine ou la communauté juive et le judaïsme demeure plus vivaces que jamais en France: le nombre de publications d'ouvrages. Pas une semaine ne passe en Métropole sans qu'un ouvrage de témoignage, de recherche ou d'étude scientifique dans le domaine du judaïsme et des Juifs ne voient le jour. Si l'on devait mesurer la vivacité de la communauté juive en France au nombre de publications, le diagnostic serait sans équivoque: le judaïsme français est en pleine effervescence.

C'est donc pour moi l'occasion de vous raconter que le septième jour de la semaine, journée sans téléphone ni dérangement informatique, demeure un moment particulier où il est possible de commencer un livre en ayant même l'espoir de le terminer. C'est dans le cadre du repos sabbatique que j'ai eu l'occasion de lire plusieurs œuvres très émouvantes comme l'ouvrage d'Israël Joshua Singer (le frère d'Isaac Bachévis) "D'un monde qui n'est plus", qui raconte l'enfance très pauvre de la famille Singer. Dans le même ordre d'idée, l'ouvrage autobiographique de Freddy Eytan "L'autre visage d'Israël", sur les conditions difficiles et pénibles de l'intégration des Juifs de Tunisie en Israël dans les années 50 et 60, est un témoignage poignant et réaliste sur la société israélienne à cette époque. Et puisque nous évoquons les Juifs de Tunisie, je ne pourrais omettre le récent témoignage publié par le Grand rabbin des Juifs de France, Joseph Sitruk, sous le titre "Rien ne vaut la vie". Cet ouvrage à la fois poignant et étonnant nous invite à découvrir le parcours et les carrefours importants de la carrière du Grand rabbin de France. Enfin, je terminerais cette rapide chronique littéraire en soulignant l'excellent ouvrage des journalistes Eric Aeshimann et Christophe Boltanski, "Chirac d'Arabie" qui rapporte la nature des relations existantes entre le Président de la République française et ses amis les dirigeants arabes. Un chapitre traitant des relations entre monsieur le Président et la communauté juive est particulièrement éloquent, puisqu'il démontre qu'une certaine frange des orthodoxes s'est laissé acheter par les largesses du maire de Paris en contre partie d'un soutien sans condition pour Chirac, tandis que la politique française à l'égard d'Israël se montrait toujours aussi malveillante. A réfléchir…

Mais l'objectif de cette causerie est avant tout de vous présenter un livre qui n'est pas en vente dans les magasins ni dans les librairies spécialisées et c'est pour lui que mon cœur a faibli. Rassurez-vous chers lecteurs, il ne s'agit pas de mon livre sur le grand rabbin Jacob Kaplan mais d'un ouvrage qui a pour titre "Le collier de Saphirs". Aucune maison d'éditions ne figure sur la page de couverture mais seulement le nom de l'auteur "Janine Zerbib". Dans le livre, un petit papier orange avec ces quelques lignes "Ami lecteur, en écrivant cet ouvrage, j'ai tenté de présenter mon expérience. Si ces lignes vous ont intéressé ou touché, je vous serais reconnaissante de bien vouloir m'adresser vos remarques afin que ce livre devienne un carrefour d'échanges et d'amitié" par email contact@naguilah.com
Dans ce livre de 128 pages, c'est l'histoire d'une vie, celle de Janine Zerbib devenue aveugle à très jeune et qui se bat non seulement pour donner un sens à sa vie mais aussi à celle des autres. Fondatrice de l'association des aveugles "Naguilah", association présente en France et en Israël, Janine s'attelle à ramener l'espoir à ceux qui ont eu le malheur de perdre la vue. Ainsi, lorsqu'elle raconte ses différentes rencontres, il est difficile de retenir ses larmes ; je cite: "Dès mon arrivée chez Léa, je compris l'appel de ses parents et la tâche qui m'attendait. Léa avait perdu la vue quelques mois auparavant, le jour de ses 18 ans, à la suite d'un accident de voiture. Elle m'accueillit en me disant : "Vous n'auriez pas dû vous déranger pour un chien malade." Je lui répondis : "J'aime bien les chiens et lorsqu'ils sont malades je suis sûre qu'ils ne vont pas sauter sur moi. Je ne suis pas vétérinaire. Je n'ai même pas l'intention de te parler de guérison. Je te demande seulement de me serrer la main".

Le parcours de Janine en 128 pages ne peut laisser indifférent le lecteur face à l'extraordinaire courage de ce bout de femme qui se bat envers et contre tous pour que les aveugles puissent aspirer à une vie digne et régulière. Oui Janine, ce témoignage si personnel m'a particulièrement ému car il est un enseignement vivant d'une détermination à donner une signification à la vie mais lorsque la personne est privée de la vue. J'oserais même avancer que la cécité a rendue Janine bien plus clairvoyante que certaines de mes connaissances qui ne portent même pas de lunettes…
Et puis, sans même tenter de me placer au même degré de bravoure et de détermination qui caractérise Janine, je voulais lui transmettre que nous partageons un commun amour pour le Petit Prince. "On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux".
Janine Zerbib, "Le collier de Saphirs", un petit livre d'un grand enseignement et au grand cœur, à se procurer par tous les moyens possibles et imaginables, uniquement à cette adresse, par email contact@naguilah.com.

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