Ceux qui font la guerre au génie génétique perpétuent le risque de maladies graves.
C'est depuis la préhistoire que les hommes cherchent à améliorer le matériel génétique des plantes - la "révolution néolithique" n'en est-elle pas issue ? Aujourd'hui, ce que les méthodes anciennes permettent d'apprécier, c'est à quel point on exagère les dangers de ces "manipulations génétiques", car la seule différence qui frappe dans les pratiques actuelles, qu'elles sont plus sûres : on y sait à tout moment ce qu'on obtiendra, et on y prend des précautions impensables auparavant.
Pendant des millénaires, on a croisé des variétés et des espèces de plantes pour des résultats qu'on pouvait voir à l'oeil nu, ce qui impliquait de transférer des milliers de gènes, sans savoir si on ne privilégiait pas des aberrations cachées ; pendant des décennies, on a provoqué des mutations au hasard, sans savoir a priori si cela ne produirait pas des monstres.
Or, c'est au moment où on sait exactement ce qu'on fait, et pourquoi, où l'on peut précisément remplacer les gènes un par un au lieu de les changer massivement à l'aveuglette, que l'on voit attirer l'attention sur ces risques qui existent depuis toujours. Il est vrai que les anciens hybrides d'espèces différentes fabriqués au hasard s'éliminaient souvent dans la mesure où ils ne pouvaient pas se reproduire naturellement ; cependant, outre qu'on peut aussi fabriquer des variantes stériles, on ne peut pas prouver que la précision des changements désormais possibles ne compense pas l'abandon de cette forme de sécurité. Ce qui conduit à agir comme si on l'avait prouvé, c'est l'ensemble de raisonnements qui sous-tendent le principe de précaution. Cependant, à l'examen, celui-ci apparaît comme un refus de tenir compte, non seulement de l'expérience mais, également, des risques nécessairement induits par les interdictions qu'il inspire, et que l'économiste a le devoir de rappeler, puisqu'ils provoquent, sans aucun profit pour personne, ces pertes humaines qui ne se voient pas et dont parlait Frédéric Bastiat.
Ce texte est paru en anglais dans le Washington Times du 25 octobre 2006.
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