Rapports entre Ukrainiens et Juifs: comment la mythologie remplace la réalité
Extrait de Ukraine, renaissance d’un mythe national, Actes publiés [en format pdf], sous la direction de Georges Nivat, Vilen Horsky et Miroslav Popovitch, par l’Institut européen de l’Université de Genève (pp. 145 à 156).
Traduction française par E. Solomarskaïa, avec la collaboration de Korine Amacher.
[Les astérisques qui affectent certains noms et/ou toponymes renvoient à l'Annexe I (pp. 225 à 247 du document référencé ci-dessus), intitulée "Glossaire: personnalités et lieux de mémoire d’Ukraine".]
Dans la hiérarchie des problèmes qui préoccupent la population ukrainienne, les rapports interethniques viennent à la neuvième place, après le niveau de vie, le chômage, le non-paiement des salaires et des pensions de retraite, l’accroissement du taux de criminalité, etc. De plus, les rapports ukraino-juifs ne figurent pas non plus en première place des problèmes des nationalités: viennent d’abord ceux des Tatars de Crimée, ensuite les rapports à l’intérieur de l’ethnie ukrainienne proprement dite, etc. Pourtant, le problème du rapport mutuel entre Ukrainiens et Juifs a une longue histoire : constamment présent dans les pages des médias, il ne cesse de retenir l’attention des hommes politiques, des historiens, des journalistes.
Hassan Husseinov, spécialiste de la culture russe, énonce les données de ce problème comme suit :
L’image d’autrui occupe une place importante dans la conscience collective. Aux moments critiques de l’histoire d’un peuple, lorsque ses propres traditions culturelles paraissent compromises, comme c’est le cas dans beaucoup de pays post-soviétiques, les images des cultures étrangères acquièrent, qu’on le veuille ou non, une valeur particulière quand il s’agit de réévaluer son identité nationale et culturelle.
Ce sont précisément ces raisons qui nous ont incité à traiter ce problème aujourd’hui : nous nous bornerons cependant à évoquer les rapports séculaires ukraino-juifs, tels qu’ils prévalaient sur le territoire de l’Ukraine-Rous*.
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