C’est la guerre civile froide qui règne en cette fin d’hiver au Liban, entre les progouvernementaux, les sunnites, les Druzes et la majorité des chrétiens d’une part, et de l’autre, les présidentialistes, les chiites - Hezbollah en tête - et les partisans du CPL du général chrétien Michel Aoun.
En cette année d'élections présidentielles, le président Emile Lahoud, qui joue déjà les prolongations au palais de Baabda grâce à un décret anticonstitutionnel, adopté par le parlement durant l'occupation syrienne, menace de ne pas céder son trône au futur nouvel élu, parce qu'il ne reconnaît pas la légitimité du gouvernement. Quelle relation objective existe-t-il entre le gouvernement et un nouveau président ? Seul Lahoud est en mesure de le comprendre.
Pour la galerie, Lahoud et l'opposition - le courant du 8 mars prosyrien, à l'intention des lecteurs qui ne suivent pas quotidiennement l'actualité libanaise - clament que le gouvernement du 1er ministre Fouad Siniora serait illégitime, en cela qu'il n'inclut par de membres de la plus grande minorité du pays, les chiites [1]. En fait, le cabinet issu des urnes comprenait, initialement, des ministres chiites mais ceux-ci ont démissionné, prétextant qu'ils étaient sous-représentés, et que les ministres du 14 mars pouvaient faire passer toutes leurs envies à la majorité des deux tiers.
Depuis, les chiites et leur allié Michel Aoun en appellent à la désobéissance civique et n'hésitent pas à réclamer publiquement le renversement du cabinet Siniora. Parallèlement à cela, les clans politiques s'arment en prévision du pire, surtout du côté sunnite et chez les phalanges et les Forces Libanaises chrétiennes du Docteur Geagea. L'objectif sécuritaire, pour eux, consiste à faire contrepoids au Hezbollah, à ses masses de miliciens, aux transports d'armes qui lui parviennent sans discontinuer de Damas et de Téhéran, devancés par de considérables ressources financières.
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