Ha'aretz, 27 février 2007
http://www.haaretz.com/hasen/spages/830495.html
Au coeur du consensus palestinien
Danny Rubinstein
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
40 ans après la guerre des Six jours, l'attitude des Palestiniens à l'égard
de l'Etat d'Israël est devenue très claire : il est possible et nécessaire
de parvenir à un accord de coexistence avec Israël sur la base des
frontières de 1967. Les Israéliens qui pensent qu'il est possible de
parvenir un accord avec les Palestiniens qui comprendrait l'annexion de
blocs de colonies en Cisjordanie, ou qui laisserait Jérusalem Est sous
souveraineté israélienne se font des illusions. Depuis les dizaines d'années
qu'a duré l'occupation de la Cisjordanie et de Gaza, pas une seule voix
palestinienne ne s'est élevée pour réclamer moins que cela. Bien sûr, il y
en a eu pour demander davantage, et encore aujourd'hui, certains souhaitent
la destruction totale d'Israël, mais aucun Palestinien ne sera d'accord pour
laisser Israël annexer ne serait-ce qu'un millimètre carré au-delà de la
ligne Verte.
Si l'on peut parler de force de cette position palestinienne, c'est du fait
qu'elle jouit d'un consensus public total. Mises à part quelques rares
exceptions, tous les Palestiniens adhèrent à la position selon laquelle
l'Etat palestinien sera créé dans les frontières de 1967, avec Jérusalem Est
pour capitale. Bien sûr, on peut parler de différences entre les approches
politiques du Fatah et du Hamas et de profonds fossés idéologiques. La
direction n'est prête, en aucune circonstance, à reconnaître Israël,
contrairement au Fatah. Mais on peut considérer cela comme des différences
de principe sans grandes conséquences pratiques.
Le Fatah est prêt à conclure un accord de paix, alors que le Hamas n'est
prêt qu'à un cessez-le-feu à long terme. Faut-il en faire toute une
histoire? Nous avons de très bons accords avec l'Egypte et la Jordanie alors
qu'en pratique, ils ne sont pas beaucoup plus que des accords de
cessez-le-feu. Et de façon générale, le calme règne sur les frontières entre
Israël et la Palestine. Cela s'appelle un cessez-le-feu et non une paix, et
pas un seul Israélien ne s'en plaindra.
Réfléchissons à tout cela à la lumière des gros efforts de Mahmoud Abbas, et
plus encore de Khaled Mesh'al, le dirigeant du Hamas, pour convaincre le
monde entier que l'accord de La Mecque sur un gouvernement d'union nationale
constitue un tournant historique. Mesh'al, qui doit arriver aujourd'hui à
Moscou, a déclaré au Caire que l'accord de La Mecque était "un message de
paix à l'intention de la région tout entière." Il a appelé les Etats-Unis et
l'Europe à reconnaître l'existence d'une nouvelle Palestine née à La Mecque,
et a parlé d'un Etat palestinien qui devait être créé dans les frontières de
1967. Bien que Mesh'al doive également se rendre à Téhéran cette semaine,
les dirigeants palestiniens parlent aujourd'hui d'un Hamas qui se rapproche
du monde arabe, et de tensions et de soupçons entre l'Iran et le Hamas, tout
cela suite à l'accord de La Mecque.
Le consensus palestinien vis-à-vis d'un accord dans les frontières de 1967
est largement renforcé par la position arabe. Un sommet arabo-espagnol où
participaient des représentants de 19 Etats arabes, s'est tenu à Madrid ce
week-end. L'annonce qui en a résulté a confirmé la décision du sommet arabe
concernant les questions de la paix, de la normalisation et de la création
de relations diplomatiques pleines et entières entre les Arabes et Israël,
après un retrait d'Israël sur les frontières de 1967. Il semble que
l'opinion palestinienne considère que cela est possible. A la suite de
l'annonce de Madrid, un journaliste de Jérusalem Est a dit que s'il y avait
22 ambassades arabes à Jérusalem Ouest, il était certain que la paix serait
stable.
Ce qui gâche cette image optimiste, c'est le problème des réfugiés et du
droit au retour. Mais il s'agit d'un problème relativement mineur, si l'on
considère la situation d'Israël depuis 1967, qui nous empêche ne serait-ce
que de penser à un éventuel retour à la ligne Verte, en particulier à
Jérusalem.