Il doit y avoir un certain affolement à l'approche du pouvoir; les fantasmes de toute-puissance, les petits élans de "parano", ou de maîtrise globale… En général, il ne faut pas très longtemps pour déchanter: on comprend qu'on va gérer les affaires courantes, certes en ayant du pouvoir sur beaucoup de gens, mais assez peu sur le réel. Cela donne aux "vrais souverains" une certaine sagesse. Souvent le pouvoir "bonifie" ceux qui le conquièrent; ça les calme un peu, ça leur permet d'être meilleurs que lorsqu'ils étaient candidats. Quoique l'état de candidat soit fort intéressant. Il vous les scanne l'un après l'autre, au scanner mystérieux qu'est le Regard public, regard implacable du public.
La folie qui saisit parfois ceux qui sont au pouvoir et leur fait perdre la tête est ancienne. S'agissant de perdre la tête, la France en connaît un bout puisque lors de sa vieille Révolution (de 1789-1793), il suffisait d'être proche du pouvoir, et d'y pencher sa tête histoire de mieux voir la Scène, à droite et à gauche, pour que la tête soit coupée assez vite. C'était comme ça, un petit effet mystérieux, qu'on peu bien sûr analyser[1]. Mais l'autre jour j'ai entendu ce mot du Maître de l'Iran: "L'Iran est un train sans marche arrière et sans frein". L'intérêt de cette parole est qu'elle assume sa propre folie. Car un train qui est dans cet "état", c'est justement ce qu'on appelle un train fou. On peut même entendre là un appel de détresse, du type: Arrêtez-nous! Le même appel que lancent des malfaiteurs quand, par malchance, tout leur réussit; ils ne voient plus la limite, plus de frein; ça les angoisse. En l'occurrence, ce chef d'Etat semble crier: Gare au train fou! Arrêtez-nous! On est des malfaiteurs! (au sens: on va (se) faire mal.
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