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Iran: confidences de Reza Pahlavi
Par Ivan Rioufol le 12 février 2010 19h04 | Lien permanent | Commentaires (172)
Ce sont les femmes qui, en Iran, sont à la pointe de la contestation contre le régime théocratique. Jeudi, lors des contre-manifestations, certaines d'entre elles ont symboliquement arraché foulards et voiles. C'est ce que m'expliquait, ce vendredi matin, le prince Reza Pahlavi, fils du dernier shah. C'est à partir de l'Europe, et singulièrement de Paris, qu'il tente d'organiser et de structurer une opposition qu'il cherche à fédérer. Il prévoit la chute du régime actuel et raisonne sur un scénario à court terme: "Deux ans, voire moins". Il explique : "Le régime est irréformable et a perdu sa légitimité. La moitié de la société vit sous la ligne de pauvreté. La majorité des Iraniens comprend que cette théocratie ne peut plus exister. C'est le peuple qui réclame la démocratie".
-Mais ces "Allah akbar" que crient les opposants ?
-"C'est pour eux une manière de narguer le régime. En réalité l'opinion est majoritairement acquise à une séparation du clergé et de l'Etat"
Reza Pahlavi ne cache pas sa déception devant l'attentisme des Etats-Unis et l'inefficacité de la "politique de la main tendue" de Barack Obama, qui renforce le statu quo. Selon lui, l'Europe comprend mieux, par sa plus grande proximité, ce qui se passe dans son pays natal. Il compte sur les pressions de l'opinion et des médias.
-Et si Israël décidait de bombarder les sites nucléaires iraniens ?
-"Très mauvaise idée ! Cela galvaniserait le pays contre cette attaque."
Il aimerait être l'initiateur d'une monarchie constitutionnelle, dans un pays qui a connu "3000 ans d'institutions monarchiques". Il évoque l'exemple du roi Juan Carlos d'Espagne. Dans l'immédiat, il mise, extérieurement, sur des sanctions financières plus ciblées. Sur le plan intérieur, il espère des mouvements de désobéissance civile et non violente, à travers des grèves générales par exemple. Le recours au référendum permettrait alors aux Iraniens de choisir leur régime. "Je fête ces jours-ci mes trente ans d'opposition", me dit-il. L'histoire s'accélère...