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 expo rue geoffroy lasnier

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adm-janine
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adm-janine


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MessageSujet: expo rue geoffroy lasnier   expo rue geoffroy lasnier Icon_minitimeVen 12 Mar - 8:54

Exposition rue Geoffroy Lasnier à Paris, métro Saint-Paul ou Pont Marie -
http://www.liberation.fr/culture/0101623779-l-horreur-plein-cadre
L’horreur plein cadre
Critique
Expo. Au Mémorial de la Shoah, «Filmer les camps» montre les image tournées par John Ford, Sam Fuller et George Stevens lors de la libération de Dachau et Falkenau, en 1945.

Par GÉRARD LEFORT


FILMER LES CAMPS Mémorial de la Shoah 17, rue Geoffroy-l’Asnier (75004). Jusqu’au 31 août. Rens. : 01 42 77 44 72.

Dès l’entrée, l’intelligence nous accueille. Une tendre mélopée s’échappant d’un moniteur vidéo où l’on reconnaît, en noir et blanc, Ginger Rogers et Fred Astaire. Pourquoi cette introduction dans une exposition intitulée «Filmer les camps» ? C’est un extrait d’une comédie musicale, Sur les Ailes de la danse, réalisée en 1936 par George Stevens. C’est le même Stevens qui, neuf ans plus tard, filmera pour l’armée américaine la libération du camp de Dachau, à une vingtaine de kilomètres de Munich.

Cette juxtaposition conçue par l’historien Christian Delage, commissaire de «Filmer les camps», a valeur de rappel. Ils venaient de là, les boys qui en juin 1944 montèrent à l’assaut de l’Europe pour la libérer de la terreur nazie. Ils venaient de cette Amérique où Hollywood leur répétait à longueur de romances populaires que, malgré tout, malgré la Grande Dépression, malgré Pearl Harbor, ça allait bien se passer, et que le New Deal du président Roosevelt serait aussi un nouveau monde, un monde où l’on pourrait vivre comme on rêve, lovés entre Fred Astaire et Ginger Rogers. Ils venaient de là, les GI anonymes, et ils venaient encore plus de là, les hollywoodiens George Stevens, John Ford et Samuel Fuller, qui chacun à leur fenêtre filmèrent en Europe la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’exposition retrace l’histoire de ces trois géants de Hollywood en temps de guerre mais aussi, et surtout, comment le «crochet» par le documentaire marqua leurs fictions à venir. Ils allaient voir ce qu’ils allaient voir, mais ils n’imaginaient pas que ce qu’ils allaient voir, personne ne l’avait jamais vu.

CENSURE AMERICAINE. George Stevens en première ligne. Engagé comme major dans le Signal Corps (service cinéma de l’armée américaine), il avait déjà filmé la campagne d’Afrique du Nord. En octobre 1943, Eisenhower, général en chef, quelque peu atterré par la mauvaise qualité des actualités de guerre, lui donne l’ordre de former une équipe de tournage, la Special Coverage Unit (Specou), plus ou moins sous le contrôle de la Film Photographic Branch, dirigée par Ford, qui dépendait, elle, des services secrets. George Stevens et son équipe (45 professionnels, cameramen, preneurs de son, techniciens…) filment le débarquement en Normandie puis la libération de Paris.

Les images du Jour J. ont été, semble-t-il, «apaisées» par la censure américaine : trop de boucherie. Celles de Paris sont au contraire largement diffusées aux Etats-Unis. De jolies Françaises embrassant les GI à bouche que veux-tu. On voit sur les écrans de l’exposition, information d’importance, que, parallèlement aux images tournées en noir et blanc par ses opérateurs, Stevens doublait son reportage par des vues en couleur prises avec sa caméra personnelle.

La juxtaposition de ces deux visions devient littéralement sidérante lorsque l’horreur envahit le cadre. En avril 1945, Eisenhower a visité en Allemagne les premiers camps de concentration. Il demande à Stevens, alors en route pour Berlin, de faire un détour par Dachau. C’est un ordre très précis et détaillé, plusieurs documents joints en témoignent : il s’agit de filmer tout ce qui pourra servir de preuve devant les tribunaux qui, après guerre, seront mis en place pour juger les responsables nazis.

CONTRASTE. Le camp de Dachau est libéré le 29 avril 1945. L’équipe de Stevens arrive le 30. Elle reste sur place une semaine. Au jour le jour, les opérateurs rédigent des rapports de prise de vues ; mais ce sont surtout les récits de synthèses écrits par Ivan Moffat, un des scénaristes-écrivains britanniques engagés par George Stevens, qu’il faut lire. Saluons à cet égard la belle simplicité du dispositif de présentation des documents de l’exposition, qui met en relief trois niveaux de lecture et, partant, de distance : les films, les archives et les cartels qui les contextualisent (dates et traductions).

Les textes de Moffat sont une impressionnante leçon de maintien. Aucun pathos, pas l’ombre d’un effet. Le style est sec et tranchant. Ainsi, quand Moffat écrit le 4 mai 1945 : «Le plus jeune détenu auquel nous nous adressons était un Juif polonais de 13 ans, seul dans le camp, ne sachant pas où étaient ses parents, ni même s’ils étaient en vie. Nous le prendrons en photo et le filmerons, si possible.» Ce «si possible» est formidable, il dit tout de la dignité d’un homme face à la barbarie. Ne pas se laisser aller, ni aux larmes ni à la compassion, se tenir droit. Et continuer à travailler en direct de l’épouvante, pour mémoire.

On distingue cette même tenue dans les images de Stevens. La première chose qu’il voit à Dachau : des wagons à l’extérieur du camp, remplis de cadavres. Un de ses opérateurs filme en noir et blanc. Stevens double en couleurs, avec sa propre caméra. Or, ce n’est pas tout à fait la même chose. Une différence qui ne tient pas au contraste entre le noir et blanc et la couleur, mais à la manière de cadrer. L’opérateur opère. Stevens réalise. En l’espèce, une sorte de making of qui humanise l’inhumain.

De même pour l’entrée dans le camp, filmée en caméra subjective. Christian Delage a eu l’intelligente audace de rapprocher ce procédé d’un plan analogue dans les Raisins de la colère de Ford (1940), où la caméra pénétrait de la même façon dans un camp de sans-abri. Rien n’indique que Stevens avait ce souvenir en tête. Mais ce qui lui revient comme une sorte d’inconscient des images, c’est la fermeté d’une grammaire et d’un vocabulaire cinématographique qui, recours autant que secours, lui permet à la fois de déchiffrer et de raconter l’innommable. L’intuition d’Eisenhower était la bonne : comment filmer les camps ? La question était trop grave pour en confier la réponse à des amateurs.

CONFRONTATION. Samuel Fuller, à l’inverse, ne filme que pour lui, avec une petite caméra que sa mère lui avait envoyée alors qu’il participait à la délivrance de l’Europe au sein de la division Big Red One. Avant de filmer la libération du camp de concentration de Falkenau en mai 1945, il enregistre l’agonie d’un jeune soldat allemand que des GI tentent de sauver. Cet épisode deviendra une scène d’Au-delà de la gloire, tourné par Fuller en 1980. Mais leur confrontation, épreuve du réel, permet de jauger que la fiction est nettement moins prégnante que le document.

Beaucoup d’images prises par l’équipe de Stevens à Dachau vont servir au documentaire les Camps de concentration, monté par Ford et qui sera projeté dans l’enceinte du tribunal de Nuremberg, le 29 novembre 1945.

L’exposition permet de lire une lettre rédigée par Telford Taylor, un jeune juriste assistant le procureur américain Robert Jackson. C’est un document considérable qui, en moins de deux pages, théorise avec brio la notion explosive, hier comme aujourd’hui, de preuve par l’image et ses limites. Et Taylor de conclure : «Je crains qu’en utilisant des films dès le début du procès, le côté hollywoodien ne nous porte un coup fatal.» De fait, on en croit à peine ses yeux mais il fait lire, autre document non moins secouant, une sorte de certificat de vérité, signé en octobre 1945 par Stevens, où il jure sur l’honneur que les films tournés à Dachau sont«authentiques».
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guitl

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MessageSujet: Re: expo rue geoffroy lasnier   expo rue geoffroy lasnier Icon_minitimeVen 12 Mar - 9:23

les photos sur le journal papier Libération que j'ai lu hier sont superbes et donnent vraiment envie d'aller à cette exposition.
Par exemple, un wagon de marchandises, portes ouvertes, un monceau de cadavres couchés, et un individu avec les deux jambes dehors, l'une des jambes est posée sur le marchepied du wagon ; j'imagine qu'il a eu un sursaut pour tenter de s'extraire de ce cauchemar, et qu'il est mort, l'effort était trop grand.

il y a des films, la liste
http://www.liberation.fr/cinema/0101623780-programme-des-projections-et-des-rencontres
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