MEMRI Middle East Media Research Institute
Dépêche spéciale n° 2948
Un député arabe de la Knesset demande l´établissement d´un grand califat islamique incluant Israël
Dans une interview de l´hebdomadaire Kol Al-Arab, publié en Israël, Massoud Ghanaim, membre de la Liste arabe unie (Ra´am-Ta´al) à la Knesset israélienne et de la branche sud du Mouvement islamique, a appelé à l´établissement d´un grand califat islamique incluant Israël, estimant en outre que tous les moyens sont bons pour défendre Jérusalem et la mosquée Al-Aqsa. Ghanaim a également exprimé son soutien à l´axe Iran-Syrie-Hezbollah et a appelé à reconnaître la légitimité du gouvernement du Hamas à Gaza. Extraits de l´interview : [1]
"Israël doit faire partie du grand État islamique"
Question : En tant qu´islamiste, croyez-vous qu´il soit nécessaire d´établir un État islamique ou un régime islamique en Palestine et sur la terre arabe et islamique ?
Réponse : Le retour du califat islamique est une nécessité, et je pense que c´est la solution idéale face à la faiblesse, l´effondrement et l´effritement qui frappent les Arabes et les musulmans... Je pense que l´établissement d´un [nouveau] califat islamique est dans l´intérêt des Juifs eux-mêmes, vu que l´âge d´or des Juifs a eu lieu sous le califat islamique [au Moyen-âge].
< BR>Q : Que pensez-vous de la Nakba de notre peuple [les conséquences de la guerre de 1948] et quelle solution préconisez-vous ?
R : Nous, en tant que mouvement islamique, présentons un point de vue et une interprétation qui diffèrent de ceux des autres partis quant aux raisons et aux circonstances de la Nakba. Nous ne nous focalisons pas sur les éléments extérieurs comme la colonisation et l´occupation, ou sur la seule Palestine au niveau géographique. À notre avis, la Nakba est le résultat de la faiblesse et de l´effondrement de l´ensemble du corps islamique, et par conséquent nous ne devons pas nous isoler [du reste du monde musulman], mais renforcer le corps et l& acute;entité islamiques.
Q : Quel sera le sort d´Israël dans de telles circonstances ?
R : Israël doit faire partie du grand État islamique. Nous ne sommes pas contre les Juifs, juste contre le mouvement sioniste et ses idées racistes. Mais nous ne devons pas oublier notre part de responsabilité et les causes de la Nakba…
"Tous les moyens sont bons pour défendre Al-Aqsa"
Q : Avez-vous fait quelque chose de concret au sujet d´Al-Aqsa [la mosquée] ?
A : Bien sûr que oui. Je m´y suis rendu, et nous avons rencontré les responsables du Waqf et le mufti. C´est notre devoir en tant que députés. Cette activité politique officielle complète l´activité populaire. J´ai correspondu avec les ministres [israéliens] et le Premier ministre [à ce sujet]. J´ai déclaré à la Knesset qu´en tant que musulmans, nous avons droit à Al-Aqsa. Le cheikh Raed [Salah, chef de la branche nord du Mouvement islamique en Israël] a été arrêté pour avoir appelé la population à défendre Al-Aqsa, et j´ai demandé [à défendre Al-Aqsa] de la tribune de la Knesset...
Q : Est-ce à dire que la lutte [pour Al-Aqsa] doit se faire par des moyens pacifiques ?
R : ...Nous ne devons renoncer à aucun moyen. Nous sommes un mouvement populaire avant d´être des députés de la Knesset. La Knesset ne [se substitue] pas à l´activité populaire, et ce n´est pas une affaire de principe pour nous [d´être à la Knesset]. Si, après évaluation de notre activité à la Knesset, il s´avère que nous ne servons pas nos intérêts, il se peut que nous démissionnions. Quand je parle de notre combat, [je ne me réfère pas] uniquement au combat pour Al-Aqsa, mais [aussi pour] les terres où l´on peut construire et les prisonniers... Il n´y a aucune contradiction entre l´activité populaire pour Al-Aqsa et mon activité en tant que député de la Knesset. J´ai demandé à ce que le Premier ministre [nous permette] de visiter la partie sous Al-Aqsa dans le but d´étudier la situation.
Q : Vous voulez dire que vous êtes d´accord avec la [branche nord du Mouvement islamique en Israël] pour dire qu´Al-Aqsa est en danger ?
A : Bien sûr qu´Al-Aqsa est en danger. Nous devons considérer Al-Aqsa comme une partie de Jérusalem. Aujourd´hui, Jérusalem est judaïsée et Al-Aqsa fait partie du problème. Le gouvernement encourage en outre les groupes extrémistes à [re]construire le Temple [juif], ce qui met Al-Aqsa en danger. À mon avis, Jérusalem et Al-Aqsa seront toutes deux en danger tant que Jérusalem sera occupée...
Soutien de l´axe Iran-Syrie-Hezbollah, légitimation du gouvernement Hamas
Q : Si l´Iran est attaqué par [une alliance des] Etats arabes, de quel côté vous placerez-vous ?
A : Je suis contre toute agression et toute alliance qui ne serait pas favorable à l´intérêt arabe. Je suis du côté de la justice. L´axe Iran-Syrie-Hezbollah représente la politique de la résistance et de la non-capitulation, et je suis naturellement du côté de cet axe.
Q : Israël, l´Autorité palestinienne et les États-Unis mènent une campagne contre le Hamas. Quelle est votre position ?
A : L´Autorité palestinienne doit représenter les aspirations du peuple palestinien et doit donc retourner au [peuple]. Ma position, et la position du Mouvement islamiqu e, est qu´[il doit y avoir réconciliation] des factions palestiniennes... Le mouvement Hamas a bien fait de participer aux élections, et c´est la tentative d´annuler le résultat [des élections] qui a conduit au schisme actuel. Israël et les Etats-Unis doivent respecter la volonté du peuple palestinien.
Q : Pensez-vous que ce qui s´est passé à Gaza fut un coup d´Etat ou une mesure [légitime de la part du Hamas] pour rétablir [ses] droits ?
A : J´aurais préféré que ces événements n´aient pas lieu, car les meurtres qui les ont accompagnés [de membres du Fatah par le Hamas] ont causé du tort au mouvement Hamas. La cause palestinienne y aurait trouvé son compte si [le changement de gouvernement] avait eu lieu de manière apaisée et si le Hamas avait fait preuve de retenue.
Q : Voyez- vous le rôle de la Turquie [dans la région] comme une délivrance pour nous [les Palestiniens] ?
R : Je ne crois pas en l´attente du Messie. Nous ne devons pas placer [nos espoirs] en la délivrance par un individu donné. [Le Premier ministre turc] Erdogan donne l´exemple et résout les problèmes des gens, et c´est cela, l´islam. Le Parti de la justice et du développement [AKP] représente un islam réaliste qui porte un regard juste sur la réalité... Erdogan agit de manière réaliste, sur la base d´opinions islamiques solides et pourtant souples.
Q : Que pensez-vous du Hezbollah ?
R : Le Hezbollah a servi de soupape de sûreté à l´intérieur du Liban. Hassan Nasrallah a su combiner discours politique et religieux… Je [considère] le Hezbollah comme un modèle de parti politique ; il confère une place spéciale au discours religieux en l´intégrant au discours politique général…
Q : Votre parti pourrait-il inclure des chrétiens ?
"J´aimerais avoir un partenaire chrétien dans la construction de la culture islamique."
R : Oui, parce que notre programme est politique, non religieux. Nous ne cherchons pas [à favoriser] un islam sectaire, mais un discours culturel global qui laisse de la place pour tous. J´aimerais avoir un partenaire chrétien dans la construction de la culture islamique.
Notes:
[1] Kol Al-Arab (Israël), le 7 mai 2010.
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