Une marque de honte tatouée sur nos visages
Shraga Blum
vendredi 13 avril 2007 - 11:26
ajaxpage2('/ajax/media.aspx?id=33189', 'Media')
Dans quelques jours, nous commémorerons dans tout le pays le Yom Hashoa, la journée de commémoration du plus grand massacre de l’Histoire. Nous nous tiendrons dignement debout sans bouger pendant le hurlement sinistre des sirènes, nous entendrons des discours vibrants de la part des officiels ou des rescapés, nous verserons des larmes, sincères, devant l’indicible, et nous répèterons, comme à chaque année « Plus jamais ! »
L’Etat d’Israël, bâti sur les cendres d’Auschwitz, a été le rêve de si nombreux Juifs dont la seule ‘alya’ se sera faite sous forme de fumée dans les cieux polonais, tchèques ou allemands.
C’est vrai, l’expression est cinglante, déplaisante même. J’en conviens. C’est volontaire. J’ai éprouvé de la honte, une honte qui vous comprime les tripes, un sentiment de « tout, mais pas ça », lorsque j’ai vu ces personnes au visage ridé, au regard éteint par ce qu’ils sont vu, et qui tendaient leur bras tatoué du nombre maudit, en signe de désespoir, de protestation, pour les conditions dans lesquelles survit aujourd’hui une bonne partie d’entre eux, ici, en Erets Israël.
Un documentaire édifiant sera retransmis lundi soir à 23h00 sur Aroutz2, « Moussar Hashiloumim » (La Morale des Réparations). Il témoigne d’une enquête approfondie effectuée dans ce monde souvent silencieux des rescapés de la Shoa, que trop de gens s’imaginaient composé de « petits vieux » finissant paisiblement leur vie grâce à la manne venue d’Allemagne. Le choc de la réalité est dur. Et il nous renvoie aux questions essentielles de la nature même de la société que nous voulons bâtir ici.
Ils ne sont plus que 250.000, aujourd’hui, en Israël, et parmi eux, 80.000 qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, certains même ayant faim. Soixante ans après. La faim ! Dans le pays où « coulent le lait et le miel », dans le pays où le shouk regorge de fruits et légumes, dans le pays qui envoie des satellites dans l’espace et qui équipe les avions américains de matériel ultra sophistiqué ! D’autres problèmes graves, touchent cette population déjà hautement fragilisée, comme la difficulté d’obtenir certains médicaments, ou de payer certaines factures.
Statistiquement, il en meurent chaque jour deux ou trois, emportant avec eux l’horreur qu’ils ont vécue, mais aussi la frustration inutile et inadmissible d’avoir été négligés dans le pays qui aurait du les placer en tête des priorités nationales, financièrement, moralement, symboliquement.
Cette semaine, en vue des commémorations de Yom Hashoa, la commission parlementaire spéciale chargée des rescapés de la Shoa s’est réunie. L’intrusion dans les débats d’un groupe de rescapés a donné lieu à un spectacle que l’on aurait préféré ne pas voir. «
N’était ce pas suffisant que nous vivions comme des chiens à Auschwitz, pour que nous devions encore endurer cette situation ici, en Israël ? Je me sens coupable d’avoir survécu !! »
, s’exclamait avec émotion une vieille femme à la voix tremblotante. Les rescapés protestaient avec les forces qui leur restent contre la bureaucratie qui les écrase, contre la souffrance au quotidien, et le peu de cas que l’Etat leur accorde. «
C’est horrible », pleurait une autre femme,
« mais je dois opérer une ‘sélection’ entre les factures que je peux payer et celles que je ne pourrai pas honorer ».
La députée Colette Avital (Avoda) militante infatigable des droits des rescapés, lançait un appel urgent au gouvernement : «
Je m’adresse au ministre des Finances et au Premier ministre afin qu’ils prennent leurs responsabilités concernant la situation honteuse dans laquelle vivent les resapés de la Shoa dans notre pays, et qu’ils leur annoncent enfin une bonne nouvelle, et pas seulement à travers des discours émouvants de Yom Hashoa ».
Cette situation ubuesque veut que l’Allemagne verse les Réparations comme elle s’est engagée à le faire, mais les banques, dont la presse nous déverse régulièrement les bénéfices faramineux, et dont les directeurs gagnent des salaires indécents, regorgent de fonds qui appartiennent théoriquement à ces malheureux survivants, mais qui pour je ne sais quelles raisons, n’arrivent pas à leurs destinataires qui en on tant besoin.
La triste constatation que font les réalisateurs de ce documentaire est «
qu’Israël est le pays au monde où les rescapés de la Shoa sont les moins bien traités !! » Certains, qui le peuvent, retournent même en Allemagne pour y finir leurs jours, car ils savent qu’au moins là-bas, ils seront mieux traités ! Le monde à l’envers…
Y a-t-il là une négligence et un laisser-aller inexcusables ou pire, comme certains le prétendent, y a-t-il une intention cynique et moralement criminelle de la part de certains milieux de faire « dormir » l’argent dans les banques en attendant la diminution ou la disparition « naturelles » de cette population, et de pouvoir l'utilise à d’autres fins ?
On se refuse à croire en une telle hypothèse, mais quoi qu’il en soit, là-haut quelque part dans le ciel, des millions de paires d’yeux grands ouverts et accusateurs nous regardent et nous lancent un cri :
« Israël,
qu’as tu fait de nos parents, de nos enfants, de nos maris, de nos femmes, de nos frères et sœurs, de TES frères et soeurs ?»Rechercher | [url=javascript:printpage()]Imprimer [/url] | [url=javascript:mailpage()]Envoyer par email [/url] | [url=javascript:addfav()]Ajouter aux favoris[/url]
[url=][/url][url=][/url]
Cliquer ici pour publier un commentaire [url=javascript:void(0)]
Comment signer vos réactions? [/url]
par
DEHARBE Gilles-Michel le vendredi 13 avril 2007 15:40
Depuis la création d'Israël, la Shoah et ses millions de morts n'ont jamais cessé d'y être présents.
La Shoah est présente dans la législation, dans les prières, les cérémonies, les tribunaux, les écoles, la presse, la poésie, les inscriptions funéraires, les monuments et les livres commémoratifs.
La société israëlienne n'a cessé de se définir en relation avec la Shoah, de se considérer tout à la fois comme héritière et "procureur" des victimes, dans un double mouvement de rédemption de leur mort et d'expiation de leurs "péchés".
Cette relation complexe et ambigüe montre le rôle central occupé par les morts de la Shoah dans le débat politique israëlien, en particulier face au monde arabe: de la guerre de 1948 à aujourd'hui, il n'est aucun conflit armé impliquant Israël, qui n'ait été défini et conceptualisé dans des termes liés à la Shoah.
Auschwitz, dont le retour est perçu comme une éventualité permanente, est devenu la principale référence face à un monde systématiquement défini comme hostile et anti-sémite: Israël s'est ainsi doté d'une aura de sacralité, qui le rend imperméable à la critique et à une délibération rationnelle avec le reste de la communauté internationale.
EN OUTRE, ALORS MÊME QU'ISRAËL INSISTE À JUSTE TITRE SUR LE CARCTÈRE UNIQUE DE L'EXTERMINATION DES JUIFS D'EUROPE, L'USAGE DECONTEXTUALISÈ QU'EN FAIT L'ETAT ISRAËLIEN A POUR EFFET DE DEVALUER LA DIMENSION EXCEPTIONNELLE DE LA SHOAH
arouts7