Je vous transmets le texte d'un ami de Dunkerque.
Par Jean-Marc Alcalay
Association France-israël Dunkerque littoral
Chacun regrette, les Israéliens en premiers, les neuf morts et les nombreux blessés du Mavi Marmara, l’un des bateaux affrétés par l’IHH, l’ONG proche du pouvoir turc du Premier ministre Erdogan de l’AKP, islamiste « modéré » et conservateur. Une autre ONG, le CBSB est proche du Hamas et des Frères musulmans et tire ses fonds de l’Arabie saoudite….
Comme quoi, l’enfer peut être pavé de bonnes intentions. D’autres sont de gauche et laïque…
L’arraisonnement obligé par la marine israélienne des six bateaux pour Gaza mythifiés pour la cause en Exodus palestinien a donc une curieuse saveur de café turc.
La recette est simple. Faites un café bien serré, en prenant soin de laisser se déposer au fond de la tasse le marc dont l’arôme va pénétrer de façon durable le nectar le plus célèbre de Turquie, et par extension, des Balkans.
Ne le sucrez pas, mais prenez soin aussi de ne pas le remuer avec votre cuillère et de le déguster ainsi, car votre palais sera alors envahi du goût amer et âpre du marc répandu alors dans votre bouche. Vos papilles n’en pourront plus et vous rejetterez le nectar dans la plus belle des grimaces.
Le premier ministre turc, Erdogan a servi un tel café à une large opinion déjà dopée par le Hamas très doué pour surfer sur la victimisation palestinienne.
Allié traditionnel des Israéliens face à la Syrie qui protégeait des milices kurdes, le Premier ministre turc, dont le pays fait partie de l’OTAN s’est peu à peu réconcilié avec la Syrie et a provoqué de façon calculée et délibérée la crise avec Israël pour entériner sa séparation avec l’Etat hébreu et montrer ainsi au monde arabo-musulman qu’il est désormais non seulement de son côté mais le leader incontournable du monde arabe auquel il n’appartient pourtant pas, ni historiquement, ni géographiquement.
Erdogan continue de remuer le café avec sa cuillère pour mieux le servir au monde. Il marginalise peu à peu les cadres de l’armée, pourtant seuls défenseurs en Turquie d’une laïcité (1922) et d’une européanisation du pays décidée par Mustapha Kémal dit Atatürk (1881-1938) et qui a fait de la Turquie un pays proche du monde occidental. Erdogan veut s’appuyer désormais sur la partie islamique et islamisante du pays, tournant le dos au kémaliste laïc et à l’armée qui en est son héritière, et à une Europe qui n’a pas voulu de la Turquie en son sein.
Les Palestiniens ne sont donc qu’un prétexte à un café encore plus amer servi au monde entier par Erdogan et que chacun prend pour du petit lait ou mieux encore, pour un loukoum, la cause palestinienne étant une autre recette facile pour qui déteste les juifs, les Israéliens, la démocratie, la modernité, le capitalisme…La cuillère d’Erdogan est large comme en son temps l’Empire ottoman démantelé en 1918, mais dont certains en Turquie rêvent encore. Elle est large, mais elle est plate.
Il ne fait pas de doute qu’en assassinant le lendemain une autorité catholique du pays, le nationaliste turc Erdogan remue encore un peu plus le fond de la tasse pour dire, cette fois-ci au monde chrétien qu’en terre musulmane, il n’y a place ni pour les juifs, ni pour les Chrétiens.
Quand nous nous rendrons compte que la tactique d’Erdogan ne fait que séparer encore davantage juifs-chrétiens et musulmans, nous nous rappellerons combien le café turc servi par le Premier ministre turc avait le goût amer d’un projet politique et électoraliste bien plus vaste que la simple aide au peuple palestinien.