Éliette Abécassis:«La perfection esthétique»
Certains matchs de foot frôlent la perfection esthétique, éthique et spirituelle. Certains buts touchent directement au cœur et à l'âme. Je me souviendrai toujours du but de Trezeguet lors de la finale France-Italie du championnat d'Europe, marqué à moins de deux minutes de la fin. Je me suis dit:rien n'est jamais perdu, il faut se battre jusqu'au bout.
Et que dire de la Coupe du monde en 1998, que je regardais sur les écrans géants dans les bars, avec un sentiment d'exaltation et de fierté patriotiques comme je n'en ai jamais ressenti ? J'aime la persévérance, la performance, l'esprit d'équipe:quelles que soient l'origine, la religion ou la couleur de la peau. On ne peut pas jouer au foot si on ne prend pas en compte l'autre en tant qu'autre:l'autre comme adversaire, et l'autre comme coéquipier. Un but est toujours le fruit d'un travail d'équipe, d'un regard attentif, de cette intelligence qui consiste à se dire ce n'est pas moi mais ce sera lui, car il est mieux placé que moi. Reconnaître cette transcendance-là. Un bon joueur est un joueur qui écoute et qui voit l'autre - qui l'écoute au point parfois d'en perdre son sang-froid. Les grands matchs, ceux qui restent, portent un enseignement, une leçon de vie, le passage d'un flambeau autant que du ballon.»
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