MEMRIMiddle East Media Research Institute
Dépêche spéciale n°2969
Le dirigeant druze libanais Walid Joumblatt défend l´arsenal militaire du Hezbollah et affirme : Nous ne voulons ni paix, ni accord avec Israël
Ci-dessous des extraits d´une interview du dirigeant druze libanais Walid Joumblatt, diffusée sur la BBC en arabe le 11 mai 2010.
Voir les extraits-vidéo sous-titrés en anglais : clip 4186 http://www.memri.org/report/en/0/0/0 /0/0/0/4186.htm
Walid Joumblatt : "Les pays occidentaux veulent toujours semer des dissensions dans le monde arabo-islamique. Dieu merci, nous avons réussi, avec l´Alliance du 8 mars, sous les auspices du Qatar et du monde arabe dans son ensemble, à consolider le dialogue au Liban, et nous avons évité le conflit confessionnel que l´on prévoyait au Liban."
Interviewer : "Vous vous seriez déclaré convaincu que les événements du 7 mai 2008 ne se reproduiraient pas. Certains peuvent se demander si vous avez reçu des garanties du Hezbollah en ce sens, lequel détient ces armes que vous avez autrefois qualifiées d´ ´armes de la trahison´."
Walid Joumblatt : "A l´époque, les tensions étaient aigues et les déclarations extrêmement dures. Si votre intention est de nous ramener aux propos de cette époque… J´espère que nous ne reviendrons pas sur ces maudites paroles."
Interviewer : "Ces déclarations étaient-elles fausses ou basées sur des informations erronées ?"
Walid Jumblatt : "Elles étaient basées sur une information ou une analyse erronée."
Interviewer : "Qui a été mise à votre disposition ?"
Walid Jumblatt : "Cette information circulait et l´atmosphère était très tendue. Aujourd´hui, l´Accord de Doha représente une garantie qui conforte le dialogue entre Libanais. C´est notre garantie pour l´avenir."
Joumblatt : "Les armes du Hezbollah seront progressivement intégrées [à l´armée libanaise], au moment politique opportun"
Interviewer : "Vous êtes d´accord avec moi sur le fait que les armes du Hezbollah faisaient partie du problème à l´époque, et qu´il y avait débat sur [la nécessité, ou non,] de désarmer le Hezbollah. Ces armes restent un sujet de controverse, ce qui signifie que les choses pourraient encore évoluer."
Walid Jumblatt : "Au contraire. Comme je l´ai dit à maintes reprises, ces armes seront progressivement intégrées [à l´armée libanaise], au moment politique opportun. Mais puisque ces armes existent, et sont efficaces, et sont nécessaires pour défendre Liban, alors qu´il en soit ainsi." [...]
Interviewer : "Vous avez dit que vous n´oublieriez jamais les leçons du 7 mai. Quelles sont ces leçons ?"
Walid Jumblatt : "Le plus important est de faire toutes les concessions possibles afin d´éviter un conflit civil ou la guerre civile. [...] Tant que l´Occident et certains pays arabes n´auront pas fourni à l´armée libanaise des armes de haute qualité, nous aurons besoin des armes du Hezbollah"
Interviewer : "Combien de temps faudra-t-il à l´armée libanaise pour développer la force requise pour pouvoir se défendre contre Israël ? Souhaitez-vous que le Hezbollah garde ses armes jusqu´à ce que l´armée libanaise ait atteint le niveau de l´armée israélienne ?"
Walid Jumblatt : "Absolument pas, mais nous devrions au moins approcher les États-Unis, la France et d´autres pays pour leur demander des armes antichars efficaces. Mais ils vont répondre : "Non, ça pourrait nuire aux tanks israéliens." Et si nous leur demandons des armes antiaériennes, ils répondront : "Non." C´est un cercle vicieux. L´Occident a-t-il réussi à empêcher Israël de pénétrer notre espace aérien, notre espace maritime et notre territoire ?"
Joumblatt : "Nous nous sommes mis d´accord [avec le Hezbollah] sur les principes de base : une relation spéciale avec la Syrie et une trêve avec Israël"
Interviewer : "Si vous aviez des armes antiaériennes, vous en serviriez-vous et déclencheriez-vous une guerre contre Israël ?"
Walid Jumblatt : "Naturellement. Nous avons le droit de nous défendre. [...] Nous nous sommes mis d´accord [avec le Hezbollah] sur les principes de base : une relation spéciale avec la Syrie et une trêve avec Israël. Nous ne voulons ni paix, ni accord avec Israël. C´est le meilleur moyen de se défendre."
Interviewer : "Même si Israël offrait de se retirer des terres que vous réclamez ?"
Walid Joumblatt : "Même dans ce cas. Nous pourrons prendre le risque de la paix quand un Etat palestinien sera établi, et quand les réfugiés palestiniens seront revenus sur leur terre." [...]
Interviewer : "Pouvez vous jurer que la Syrie ne fournit aucune arme, quelle qu´elle soit, au Hezbollah ?"
Joumblatt : "Le but de la résistance est de défendre le Liban. L´origine de ses armes ne regarde qu´elle"
Walid Joumblatt : "Il ne s´agit pas de jurer. Le but de la résistance est de défendre le Liban. L´origine de ses armes ne regarde qu´elle…"
Interviewer : "Mais elle fait entrer ces armes dans le pays…"
Walid Joumblatt : "Comme je vous l´ai dit, nous avons demandé aux pays occidentaux de nous fournir suffisamment d´armes pour notre défense. Mais l´Occident ne nous a accordé qu´un équipement partiel, dont une partie est bonne, l´autre pas. D´où la résistance obtient-elle ses armes ? Je m´en fiche." [...]
Interviewer : "Vous avez l´air de dire que les armes du Hezbollah ne sont utilisées que contre Israël, sans autre objectif régional, comme de servir d´instrument à l´Iran pour renforcer la position du Hezbollah et des chiites au Liban…"
Walid Jumblatt : "Excusez-moi, mais vous touchez à des questions communautaires. C´est inapproprié."
Interviewer : "Ces problèmes communautaires existent-ils ou non ?"
Walid Jumblatt : "Avec tout le respect que je vous dois… Vous faites le jeu de la politique occidentale de partition."
Joumblatt : "Autrefois, il n´y avait aucun conflit communautaire au Liban"
Interviewer : "Comment ? Il n´y a pas de conflits communautaires au Liban ? Ils auraient été exportés par l´Occident ?"
Walid Joumblatt : "Autrefois, il n´y avait aucun conflit communautaire au Liban. Qui a déchiré l´Irak en morceaux, sinon l´Amérique et l´Occident ? Ils ont fabriqué ce conflit communautaire et anéanti l´Irak." [...]
Interviewer : "Dans le cas d´une telle confrontation, votre mouvement politique soutiendrait-il le Hezbollah, qu´il ait tort ou raison ?"
Walid Jumblatt : "Nous soutiendrons le Liban dans sa défense contre Israël. La question n´est pas le soutien au Hezbollah. Nous nous opposerons à l´ennemi commun. Ni plus ni moins."
Interviewer : "Cela signifie-t-il que vous ouvrirez le Mont Liban et laisserez le Hezbollah y déployer ses armes en cas de confrontations ?"
Walid Jumblatt : "Je crois que le Hezbollah a suffisamment de bon sens pour ne pas déployer ses missiles n´importe où. Deuxièmement, la confrontation aurait lieu sur un terrain connu du Hezbollah. Troisièmement, nous ouvrirons nos maisons, comme l´ont fait tous les Libanais en 2006, s´il devait y avoir un flot de réfugiés à cause des frappes israéliennes."
Interviewer : "Mais vous ne fourniriez pas de soutien logistique ou militaire ?"
Walid Jumblatt : "Ceci n´est pas un débat pour la télévision."
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