MESSAGE DU GRAND RABBIN DE FRANCE
Je me suis engagé il y a plusieurs mois à présider, le 22 juin, la soirée officielle de la Conférence des Rabbins Européens, qui réunit à Metz les Grands Rabbins de nombreux pays. Je ne pourrai donc pas être physiquement présent à la manifestation organisée au même moment par le CRIF, le Consistoire et le FSJU au Parvis des Droits de l’Homme du Trocadéro. Je le regrette profondément et vous encourage vivement à vous y rendre.
Je tiens à diffuser le message suivant :
L’assaut mené le 31 mai par la marine israélienne au large de Gaza a donné lieu à de très nombreuses analyses, critiques ou condamnations en France, en Israël et dans tous les autres pays du monde.
En qualité de Grand Rabbin de France, mon rôle n’est pas de commenter les modalités d’une opération militaire. Cet assaut a fait neuf morts. L’homme de religion que je suis, pensera toujours que neuf morts, c’est neuf morts de trop !
Après cette opération militaire, et au fur et à mesure que l’on y voyait plus clair sur ce qui s’est passé et sur qui étaient dans les bateaux, trois points ont retenu mon attention. Tout d’abord, les images des soldats israéliens entrant en contact radio avec les bateaux avant l’assaut et entendant la réponse suivante, qui se passe de tout commentaire : « Jews, go back to Auschwitz ! ». Ensuite, les glissements très rapides chez plusieurs acteurs publics d’une condamnation de l’opération militaire à une condamnation de l’existence-même de l’Etat d’Israël. Enfin, le refus de cette flottille, qui s’est autoproclamée « humanitaire », de porter à Guilad Shalit un message humanitaire de ses parents.
Cela fait quatre ans que Guilad Shalit, citoyen franco-israélien, a été enlevé en Israël et est détenu comme otage par le Hamas dans le plus grand mépris des Droits de l’Homme. Il détient le triste privilège d’être l’otage français le plus ancien à travers le monde. J’appelle aujourd’hui tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté, épris de paix, de justice et de démocratie, à venir le 22 juin au Trocadéro pour dire trois choses :
Nous voulons la libération de Guilad Shalit par le Hamas.
Nous voulons la fin de l’ostracisme qui frappe l’unique démocratie du Proche-Orient et qui aboutit trop souvent au refus glaçant de son existence.
Nous ne voulons pas l’importation en France d’un conflit et de violences qui se déroulent à des milliers de kilomètres.
Enfin, à tous ceux qui, de bonne ou de mauvaise foi, sont aujourd’hui des supporters directs ou indirects du Hamas, le Rabbin que je suis, a envie de citer cette phrase du midrach qui a une portée universelle : « Pourquoi vois-tu le sable qui est dans l'oeil de ton frère et ne vois-tu pas la pierre qui est dans ton oeil à toi ! »
Gilles BERNHEIM