Voici l’avis d’un connaisseur, le Père Michel Remaud, prêtre catholique qui vit en Israël depuis plus d’un quart de siècle, et dont la réputation d’objectivité et de tact à l’égard de l’Etat d’Israël n’est plus à faire. Ceci étant dit, sa mise au point sur l’incident de Yad Vashem ne fera pas l’unanimité et risque même de susciter la controverse, précisément du fait que M. Remaud ose évoquer, dans ce contexte, des points de friction entre Israël et le Vatican, qui, outre qu’ils sont peu connus du grand public, peuvent être considérés comme hors sujet dans ce cas d’espèce. Mais la grande expérience de l’auteur en matière de relations bilatérales Israël-Vatican, fait de lui un observateur qualifié, et, ne serait-ce qu’à ce titre, il convient de recevoir son opinion comme une pièce supplémentaire et originale à verser au dossier épineux d’un contentieux qui, comme l’auteur l’illustre bien, va bien au-delà de la controverse sur le rôle de Pie XII durant la Seconde Guerre mondiale. (Menahem Macina).
La presse internationale s’est fait l’écho de l’incident diplomatique survenu récemment entre le Saint-Siège et l’État d’Israël à propos de la cérémonie à la mémoire des disparus de la Shoah. Cet incident mélange, semble-t-il, des problèmes différents. Sans pouvoir entrer dans des détails qui nous sont en partie inconnus, on peut au moins essayer de les présenter dans les grandes lignes.
Selon la presse, la raison invoquée par le nonce pour justifier sa décision de ne pas participer aux cérémonies commémoratives de la Shoah était la légende accompagnant une photographie du pape Pie XII, légende selon laquelle le rôle de ce dernier pendant la Seconde Guerre mondiale serait objet de controverses. Il faut ajouter, d’ailleurs, que le nonce est finalement revenu sur sa décision, après que la direction de Yad va-Shem ait annoncé sa décision de reconsidérer le texte qui faisait problème.
Que le rôle de Pie XII pendant la Seconde Guerre mondiale soit l’objet de controverses, est une affirmation difficilement contestable, mais l’objectivité oblige à dire que le jugement des historiens sur la question n’est pas unanime. Dans l’état actuel de la documentation disponible, en tous cas pour le grand public, il semble que tout ait été dit sur la question et que la polémique ne puisse guère que ressasser indéfiniment les mêmes arguments, les uns reprochant au pape son silence et les autres faisant valoir qu’il avait jugé plus efficace d’agir par la diplomatie que par une protestation publique et solennelle. Chacun de ces deux points de vue peut faire l’objet de plaidoiries passionnées.
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