Par Jean-Marc Alcalay
Association France-israël Dunkerque littoral.
Je ne sais pas si Omar Kadhafi est un comique, en fait, je ne le pense pas du tout, malgré son cinéma et les postures qu’il prend quand il pose pour les caméras, un peu à la façon d’un vieux patient asilaire présentant des troubles mégalomaniaques et paranoïaques ! Souvenons-nous d’ailleurs de son discours lors de sa visite à Paris, qui était complètement incompréhensible ou encore cet autre prononcé à l’ONU de la même tonalité.
Nous savons depuis quelques jours que dans le sillage des précédentes flottilles humanitaires dont certaines n’ont que le qualificatif, nous savons donc que la Fondation internationale Kadhafi dirigée par son fils Saïf al Islam Kadhafi a affrété un cargo sous pavillon moldave du nom d’Amalthea, en provenance de Grèce et avec deux mille tonnes de vivres et de médicaments pour Gaza.
Deux mille tonnes, c’est peu, c’est vraiment minable compte tenu de tout ce qui passe légalement par la route depuis des mois et des mois…Les Palestiniens devraient même les refuser ! Mais l’humanitaire pour le président libyen n’a jamais été qu’un symbole, un prétexte, un alibi. Donc, pas d’alibi humanitaire pour la Libye !
Ne dit-on pas encore que c’est toujours le cordonnier le plus mal chaussé ! Kadhafi ne l’est pas moins, lui qui ne respecte pratiquement aucun droit de l’homme en son pays. Le dernier rapport d’Amnesty international qui date du 23 juin 2010 ne lui fait pas de cadeau : il parle d’une « situation désespérée 1 » des droits de l’homme en Libye. Il n’y a aucune liberté d’expression dans le pays, pas de presse privée sauf celle dirigée par le fils de Kadhafi. En 1996, on a parlé du massacre de 1200 détenus dans la prison d’Abou Salim : massacre reconnu par les autorités en 2004, mais sans qu’aucune enquête ne soit menée.
En Libye, on ne trouve pas d’opposition, la peine de mort est toujours en vigueur et trois Nigériens ont été exécutés, et toujours selon ce même rapport, en 2009, 50% des personnes exécutées étaient des étrangers.
Ce sont donc principalement des immigrés qui sont visés, des Nigériens, des Subsahariens qui demandent l’asile politique et du travail en Libye, il faut le faire ! Car ils subissent d’importantes discriminations et en cas d’arrestation le plus souvent non motivée, ils se retrouvent sans avocat, sans traducteur, jugés sommairement, et envoyés parfois à l’autre bout du pays dans des prisons où ils sont facilement torturés.
Sans doute le sont-ils avec une « délicatesse » toute libyenne comme nous pouvons le supposer, depuis que le pays de Kadhafi siège à l’ONU au Conseil des droits de l’homme. Encore un bon alibi pour la Libye ! D’autant que depuis cette élection, les observateurs constatent un recul libyen sur les droits de l’homme.
Omar Kadhafi n’a d’ailleurs pas davantage renoncé au terrorisme puisqu’il le prône pour les nations faibles, dont font sans doute partie les Palestiniens.
Même les journalistes se font prendre au jeu du dictateur de Tripoli en soulignant l’aspect humanitaire de sa démarche vers Gaza, ne mentionnant pas qu’en cette matière, Kadhafi est très mal placé pour en parler. Donc, encore une fois, pas d’alibi humanitaire pour la Libye de Kadhafi ! Ce n’est donc pas lui qui va donner des leçons de démocratie aux Israéliens, ça au moins, nous en sommes sûrs !
Certains observateurs naïfs, ou qui ne veulent rien voir, pourraient au moins regarder Kadhafi bien en face pour qu’ils s’aperçoivent enfin de la grimace « hallucinée », grimace du réel, avec laquelle il provoque une nouvelle fois les nations libres.