Israël craint la chute du gouvernement Siniora
Akiva Eldar
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
Israël, ainsi que plusieurs Etats arabes, dont l'Egypte, l'Arabie saoudite
et la Jordanie, s'inquiètent de plus en plus de la perspective d'une chute
du gouvernement libanais de Fouad Siniora suite à un coup d'Etat du
Hezbollah qui ferait du Liban, selon les termes d'un ministre israélien, "le
premier Etat arabe à devenir un protectorat iranien."
En conséquence, on évoque au sein du gouvernement plusieurs idées pour
renforcer Siniora face aux manifestations de rue lancées par le Hezbollah
contre le gouvernement libanais. L'objectif est de prouver que Siniora peut
obtenir davantage par la diplomatie que le Hezbollah, qui l'accuse de
"défaitisme", par la violence.
L'une des options examinées est d'appeler l'Union européenne à reconnaître
la zone des Fermes de Sheba'a comme territoire libanais. Actuellement, à la
fois l'Union européenne et les Nations Unies considèrent cette région,
occupée par Israël, comme étant syrienne, alors que Beyrouth la revendique
pour le Liban.
Une autre possibilité serait pour Jérusalem de parvenir à un accord avec
Siniora sur l'évacuation par Israël du village divisé de Ghajar et d'en
remettre le contrôle aux Nations Unies en attendant que son statut définitif
soit tranché. Actuellement, la frontière israélo-libanaise coupe le village
en deux (1).
Les spécialistes israéliens de la défense s'inquiètent du fait que, même si
le gouvernement de Siniora ne tombe pas, sa confrontation avec le Hezbollah
affaiblisse les accords de sécurité au Sud Liban, mis en place après la
guerre du Liban de l'été dernier. Ils craignent également que des partisans
du Hezbollah tentent de provoquer des heurts avec l'armée israélienne postée
le long de la frontière
Entre temps, une source gouvernementale haut placée a dit ce week-end que le
président Bush avait dit à Ehoud Olmert qu'il n'avait aucune intention de ne
plus considérer l'Iran et la Syrie comme faisant partie de "l'Axe du Mal".
La commission Baker-Hamilton, nommée pour étudier les manières d'améliorer
la situation en Irak, doit remettre mercredi prochain ses conclusions à
Bush. Elle devrait recommander que les Etats-Unis entament des pourparlers
avec l'Iran et la Syrie.
Mais une source gouvernementale a affirmé que Bush avait promis à Olmert que
sa position demeurerait inchangée tant que l'Iran poursuivrait son programme
nucléaire. Concernant la Syrie, a dit cette même source, Bush a conditionné
toute reprise du dialogue avec la Syrie à l'arrêt par Damas de ses
interventions au Liban et à son soutien au Hezbollah. Le récent assassinat
du ministre libanais Pierre Gemayel et la l'affrontement entre le Hezbollah
et Siniora rendent encore moins probable un changement de la position de
Bush sur cette question.
La semaine dernière, le conseiller américain pour la sécurité, Steve Hadley,
a dit qu'il ne voyait aucun lien direct entre le conflit israélo-arabe et la
situation en Irak.
(1) Précision : cette frontière israélo-libanaise est à l'origine une
frontière syro-libanaise. Le côté israélien est occupé par Israël depuis
1967 après la conquête du plateau syrien du Golan.