MONTPELLIER, Hérault (Reuters) - Daniel Cohn-Bendit estime que l'ouverture au centre tentée par Ségolène Royal est "le seul moyen" de remporter la présidentielle face à Nicolas Sarkozy.
"Je dis que c'est possible. C'est difficile mais possible. Il faut être malin", a déclaré à Reuters le député européen avant le meeting de la candidate socialiste à Montpellier (Hérault), dont il est la vedette américaine.
Figure du mouvement de mai 68, ce partisan d'une grande alliance entre la gauche, le centre et les écologistes précise avoir été contacté lundi soir par le camp Royal, après la "main tendue" de la candidate à François Bayrou.
"Elle va gagner si elle prend l'initiative, si elle dit 'je ne suis plus la candidate du PS mais la candidate d'une partie de la France qui veut le renouveau'", assure-t-il.
Cette stratégie, inédite depuis les années Rocard, "ça marche ou ça ne marche pas. Mais avec Sarkozy, ça va casser", prévient Daniel Cohn-Bendit.
"Il paraît que pour gagner une élection présidentielle, il faut plus de 50% des voix. Je suis un élève studieux et je regarde comment on peut les avoir", explique-t-il.
A treize jours du deuxième tour, il se lance dans les calculs. La gauche de la gauche et Ségolène Royal totalisent 36% des voix au premier tour auxquelles il ajoute "12 à 15%" des 18,55% obtenus par François Bayrou "et puis il y a une dynamique qui se développe".
"Tout le monde sait qu'il y a toujours 20% du Front national qui ne va pas à droite donc vous arrivez aux alentours de 50%", prédit-il, n'excluant pas un coup de pouce indirect de Jean-Marie Le Pen.
Le 1er mai, lors de la manifestation du Front national en hommage à Jeanne d'Arc, il va dire "Sarkozy m'a volé, Sarkozy est un voleur, vous détestez les voleurs donc prenez vos responsabilités", veut-il croire.
L'ouverture au centre peut être considérée comme un "épouvantail" pour la gauche de la gauche, demandeuse d'une campagne d'entre-deux tours plus sociale?
"On ne peut pas être plus contre Sarkozy que la gauche de la gauche. Donc si elle est contre Sarkozy, elle ne va pas être contre Ségolène qui essaie de gagner contre Sarkozy. On peut être schizophrène mais pas à ce point", souligne Daniel Cohn-Bendit.