Hezbollah : Ségolène Royal injustement tourmentée ?
04.12.2006
Première tournée diplomatique pour Ségolène Royal et premier dérapage prévisible. Lors d’une rencontre en début de soirée dans un grand hôtel de Beyrouth avec 17 députés de la commission des Affaires étrangères du Parlement libanais, le député du Hezbollah Ali Ammar a fait un long exposé en arabe dénonçant la « démence illimitée de l’administration américaine ».
« Il y a beaucoup de choses que vous dites que je partage, l’analyse du rôle des États-Unis », a répondu la candidate à l’Elysée à ce membre du Hezbollah. Dans son discours, le député du Hezbollah Ali Ammar a également comparé la politique israélienne avec celle des nazis :
« Même notre expérience de la résistance est inspirée de votre expérience. Le nazisme qui a versé notre sang et qui a usurpé notre indépendance et notre souveraineté n’est pas moins mauvais que le nazisme qui a occupé la France ». Ces propos ont été confirmés par les médias libanais présent à la réunion.
Des propos dont la candidate socialiste a d’abord démenti la véracité, avant d’admettre qu’elle ne les avait pas entendus, pour enfin les condamner « fermement » après le tollé soulevé par les élus UMP...
Faut-il s’en étonner ? Le Hezbollah reste intouchable malgré ce qu’il dit ou fait, idem pour son fondateur la république des mollahs. Par le passé le Quai d’Orsay a réagi exactement de la même manière qu’a réagi Ségolène Royal. Quand Ahmadinejad avait dit vouloir rayer Israël de la carte. La Quai d’Orsay et Douste-Blazy avaient alors refusé de croire qu’Ahmadinejad l’ait dit, puis attendu la confirmation, la bonne traduction, avant de condamner seulement les propos et non pas le régime des mollahs. Ce malgré le fait que bien avant Ahmadinejad, Rafsandjani avait dit pire que ça ‘en 2002) sous la présidence de Khatami.
La réaction de la majorité à la rencontre entre Ségolène Royal et un représentant du Hezbollah en dit long : en fait, il n’y a eu aucune réaction à la rencontre avec un parti politique militarisé qui entend renverser un gouvernement pour instaurer un gouvernement islamiste au Liban. Pourquoi alors condamner Ségolène Royal qui ne fait qu’appliquer la ligne diplomatique du PS [1], ligne qui ne diverge point de celle du Quai d’Orsay ?
Ajoutons que pour calmer le jeu, Ségolène Royal a tenu à préciser que ses propos concernait l’intervention de l’administration Bush en Irak. Une réaction propre à plaire aux Démocrates alors qu’elle envisage de se rendre aux États-Unis mi-décembre pour le congrès de ce parti politique. Évidemment, en allant à la rencontre des démocrates comme des députés du Hezbollah ou du Hamas, elle prétend vouloir écouter les élus du peuple. Il est presque sûr, que Ségolène Royal n’hésitera pas à aller à la rencontre des mollahs au pouvoir en Iran comme l’a fait avant elle Jack Lang...
Le problème avec la candidate socialiste est son absence de scrupule, elle joue sur les mots, elle fait preuve d’un opportunisme à toute épreuve, elle s’adapte en changeant les définitions au lieu de garder une ligne précise. Il y a chez elle une réticence à s’informer et à comprendre les données géopolitiques pérennes. Si elle le faisait, bien avant d’avoir assimilé les subtilités géopolitiques et historiques de cette région, elle apprendrait dès les premières lectures que le Hezbollah a tué des français et qu’il est un mouvement hors la loi. En s’informant, elle apprendrait également que la majorité démocrate au Congrès américain n’a pas le pouvoir d’imposer ses vues à Bush et qu’en attendant, elle doit imaginer être la présidente d’un monde réel et non d’un monde comme je veux où je n’entends que ce qui m’arrange.
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