L'analyse de Mariette Sineau, politologue au Cevipof et chercheur au CNRS. Elle étudie le genre et la citoyenneté. Ele explique pourquoi «le vote femme» n'a pas forcément avantagé Ségolène Royal.
Il faudra attendre les résultats détaillés du second tour, mais j'ai déjà pu dégager des points précis grâce à l'enquête préélectorale PEF*. Il existe un «gender generation gap», c'est à dire une différence de vote entre hommes et femmes
qui joue de manière inversée selon les tranches d'âges. Chez les 18-24 ans, 32 % des femmes votent Royal, contre 25 % des hommes. Chez les 65 ans et plus, les femmes sont plus conservatrices que les hommes. Au premier tour, elles ont voté Nicolas Sarkozy à 44 %, contre 33 % des hommes. Or, du fait du vieillissement de la population et de la surreprésentation des femmes dans la population des 65 ans et plus, on peut dire qu'elles font le Président en terme de vote marginal.
Les femmes âgées sont sensibles au discours sur la sécurité ?
Oui. Beaucoup sont veuves ou vivent seules, et se sentent fragiles. Elles ont peur des agressions, même si c'est plus une peur qu'un danger réel. Par ailleurs, pour une femme âgée, le vote Royal était doublement transgressif : c'était un vote de gauche et pour une femme, alors que leur code de représentation symbolique associe pouvoir et masculinité.
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