Fatah : le message demeure "non, non et non!"
Par Khaled Abou Toameh, journaliste palestinien, correspondant de Jerusalem Post et de Hudson Institute New York
Publié dans Jerusalem Post et Hudson New York le 30 novembre 2010
Titre original : Fatah: The Message Remains No and No and No
Traduit par Albert Soued, http://soued.chez.com pour http://www.nuitdorient.com
Le groupe du Fatah soutenu par l'Occident vient de conclure sa 5ème Convention à Ramallah par une série de déclarations qui empêchent en fait le président Mahmoud Abbas de parvenir à un quelconque accord avec Israël comportant des compromis.
Le Conseil Révolutionnaire du Fatah composé d'une centaine d'officiels de ce parti a dit NON à toute proposition ou idée qui aurait pu ouvrir la voie à un règlement quel qu'il soit entre Israël et les Palestiniens.
NON à la reconnaissance d'Israël comme un état Juif.
NON à une solution d' un état Palestinien dans des frontières provisoires
NON à un échange de territoires entre Israël et les Palestiniens
NON à la reprise des négociations, à moins qu'Israël ne gèle la construction dans les implantations et à Jérusalem est
NON à une entente entre Israël et les Etats-Unis sur l'avenir du processus de paix
NON à la livraison d'armes américaines à Israël
NON à la reconnaissance de l'importance du sens pour les Juifs du Mur Occidental
NON à la nouvelle loi israélienne demandant un référendum avant tout retrait de Jérusalem ou du Golan.
Avec une telle position, on voit mal comment on peut avancer dans les pourparlers de paix, si jamais ils reprennent. En fait, ce que le Fatah' est en train de réclamer, c'est qu'Israël doit accepter les demandes palestiniennes à 100%, s'il recherche la paix.
C'est le seul OUI que peut offrir le Fatah'!
Cette déclaration ne surprend guère, car c'était l'attitude constante de ce groupe, même au début d'Oslo en 1993, et le Fatah a toujours été cohérent dans la définition de sa politique (1) et ses positions n'ont pas changé d'un iota en 2 décennies.
Mais le problème n'est pas le Fatah, le problème c'est l'ignorance permanente et continue des positions du Fatah par les gouvernements de l'Occident. Les médias internationaux sont également à blâmer, car ils ont ignoré ou minimisé les déclarations de ceux qu'on appelait les "modérés de Cisjordanie". Même s'il le voulait, compte tenu de cette déclaration du Fatah, Abbas ne peut faire aucune concession.
Et le message envoyé à tous les Palestiniens, c'est que personne n'a mandat pour parvenir à un accord avec Israël sauf s'il satisfait toutes les exigences énoncées. C'est la raison pour laquelle le communiqué a été publié en arabe dans les médias contrôlés par le Fatah, afin d'être sûr que chaque mot du message soit lu et bien compris.
Abbas a soutenu cette déclaration bien sûr, jurant qu'il ne ferait aucun compromis sur aucun des droits Palestiniens. Il serait condamné comme un traitre s'il osait faire une quelconque concession sur tous les sujets sensibles, comme le statut de Jérusalem ou le "droit au retour" des réfugiés. C'est pour la même raison que son prédécesseur, Yasser Arafat, a toujours refusé d'accepter, moins de 100% de ses exigences à Camp David en 2000. Abbas sait que la rue arabe et islamique n'est pas encore prête à accepter une solution même avec des concessions significatives à Israël.
Les Palestiniens ont 2 pouvoirs qui veulent les 100%: le Fatah qui dit exiger 100% des territoires conquis en 1967, et le Hamas qui exige 100% de toute la Palestine mandataire, y compris le territoire d'Israël !
C'est triste à dire, mais il n'y a pas de 3ème groupe prêt au compromis et le communiqué final résonne comme un cri de guerre plutôt qu'une déclaration politique, d'autant qu'il se termine par cette phrase "la Révolution jusqu'à la victoire, jusqu'à la victoire, jusqu'à la victoire !"
Dans cette partie du monde, il est très important d'écouter ce que disent les gens dans leur propre langue, et pas seulement dans les textes en anglais destinés aux gouvernements occidentaux et aux journalistes.
Que reste-t-il à négocier ? Quelle paix peut-on envisager ?