PARIS (Reuters) - Des étudiants qui tentaient d'organiser la contestation dans les universités après l'élection de Nicolas Sarkozy ont voté le déblocage du site de Tolbiac de l'université de Paris I, qui était occupé depuis 24 heures.
"Ils ont voulu tenir compte de la forte mobilisation des étudiants qui souhaitaient pouvoir reprendre les cours", a souligné un responsable de Sud Etudiant.
Les locaux étaient occupés par environ 500 grévistes. Le président de l'université avait décidé jeudi matin la fermeture du site, situé dans le XIIIe arrondissement de la capitale.
Parallèlement, trois assemblées générales étaient prévues à la mi-journée à Paris VIII (Saint-Denis), Paris X (Nanterre) et à l'université du Mirail de Toulouse.
Un syndicaliste de Sud Etudiant à Nanterre restait cependant prudent sur l'issue de ces AG.
"On verra si des gens veulent se mobiliser, mais la situation est différente. Il n'y a pas comme à Tolbiac les anciens réseaux anti-CPE et beaucoup d'étudiants ont peur du blocage", a-t-il dit à Reuters.
Les syndicats Sud Etudiant et FSE, ainsi que des trotskistes des JCR et des anarchistes de la CNT convergent sur la dénonciation des projets du futur président de la République pour l'Université.
Tous se défendent, contrairement à certains manifestants des jours précédents, de réclamer l'annulation de l'élection de Nicolas Sarkozy, dimanche dernier, et dénoncent des réformes visant, selon eux, à une "privatisation larvée" des universités.
"C'EST LE RÉSULTAT D'UN STYLE"
Le gouvernement a dénoncé une action qui intervient avant même que Nicolas Sarkozy ne prenne ses fonctions, le 16 mai, et se déroule au mépris, selon lui, de la démocratie.
Le Parti socialiste ainsi que le syndicat étudiant Unef se sont démarqués à la fois de l'occupation de Tolbiac et des manifestations anti-Sarkozy de ces derniers jours, en dénonçant les violences qui ont émaillé certains cortèges.
Bruno Julliard, président de l'Unef, avait dit comprendre "l'émotion" et la "colère" des jeunes après l'élection de Nicolas Sarkozy tout en jugeant la grève de Tolbiac "contre-productive."
"Cela donne l'image d'une jeunesse étudiante antidémocratique et affaiblit nos chances de mobilisation dans les mois à venir", a-t-il avancé.
Dans Libération, jeudi, Alain Krivine, le dirigeant de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), affiche au contraire sa solidarité avec les contestataires.
"Notre consigne, c'est d'être là où sont les jeunes", dit-il, tout en précisant que ses militants n'entraînaient les jeunes que vers des cortèges pacifiques. "Le but n'est pas de brûler des voitures et de casser des magasins."
Daniel Cohn-Bendit a pour sa part estimé que les manifestations contre Nicolas Sarkozy constatées en France depuis dimanche soir exprimaient une angoisse à laquelle le président nouvellement élu devait répondre.
"Je ne suis ni complaisant, ni indulgent, ni rien", a déclaré le leader du mouvement de Mai 68 sur RTL. "Je dis simplement que ces mouvements expriment une angoisse. Cela ne veut pas dire que c'est juste".
"C'est le résultat d'un style Sarkozy (...) d'avoir provoqué les gens et de dire 'voilà maintenant avec moi tout va changer'. Face à cela, (il y a) des jeunes qui ne se sentent pas bien parce qu'ils ne se sentaient pas bien déjà avant, avec le style Sarkozy en tant que ministre de l'Intérieur", a-t-il dit.