Peut-on entrevoir comment la morphologie humaine va évoluer ?
L'évolution de l'homme est imprévisible dans le détail, car la mécanique évolutive est celle des mutations se faisant au hasard et étant triées par la sélection naturelle. Cependant, il existe des tendances évolutives globales depuis des millions d'années pour l'ensemble des primates. Nous les connaissons, et elles permettent d'évaluer approximativement dans quels sens une évolution est potentiellement possible.
La tendance la plus manifeste est l'augmentation de la taille du crâne et du cerveau. Jusqu'où peut-elle aller ?
Cette augmentation est repérable depuis les prosimiens, il y a 65 millions d'années : le crâne est passé d'environ 100 cm3 chez les babouins à plus de 2 000 cm3 chez l'homme.
Au départ, le crâne d'un primate était plat, un peu comme celui d'un chien. Progressivement, la capacité crânienne s'est accrue chez tous les primates - de même que chez les baleines ou les dauphins -, avec une contraction faciale concomitante : le museau a disparu, l'arrière du crâne a eu tendance à s'enrouler sur lui-même et l'oblong s'est arrondi. Le développement du cerveau a repoussé le trou occipital (large ouverture faisant communiquer la cavité crânienne avec la colonne vertébrale) vers l'arrière et le bas du crâne. L'homme moderne est devenu bipède en raison de cette migration corrélée avec des mutations des muscles et os du bassin.
La position actuelle du trou occipital chez l'homme est si avancée qu'il lui est mécaniquement impossible de migrer plus en avant. Cela imposerait un relèvement de la tête que la sélection naturelle aurait vite fait d'éliminer. Imaginez si vous aviez à marcher en regardant en l'air. Votre survie ne serait pas longue.
Par ailleurs, l'accroissement de la capacité crânienne par un élargissement des os de la voûte crânienne et un gonflement général du crâne à l'état adulte n'est pas impossible. On arriverait alors aux faciès des petits hommes verts du film Mars Attack. Mais cette croissance volumétrique ne pourrait se faire qu'après la naissance. Sinon, les femmes, limitées par la taille des hanches, ne pourraient plus accoucher.
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