Le directeur de la maison d’arrêt pour femmes de Versailles (Yvelines), Florent Goncalves a été mis en examen hier à Versailles pour « remise illicite d’une somme d’argent et d’objets interdits à une détenue » avant d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire.
La justice reproche à cet homme de 41 ans d’avoir, entre décembre 2009 et octobre 2010, eu des relations sexuelles, en échange d’un traitement de faveur, avec Emma, la jeune détenue de 21 ans qui avait servi d’appât dans l’affaire du « gang des barbares », en janvier 2006.
« Le juge lui a interdit d’exercer sa profession, souligne le procureur, Michel Desplan, et même d’entrer dans un établissement pénitentiaire. C’est une réponse ferme pour un délit qui relève du tribunal correctionnel. »
Une réputation de femme fatale
L’affaire commence le 22 novembre au cours d’une inspection, lorsque des codétenues de la maison d’arrêt alertent l’administration sur le traitement de faveur dont bénéficie Emma. « Il s’agissait probablement de postes de travail avantageux, avance une source proche de l’affaire. Mais à l’époque, les relations qu’elle entretenait avec le directeur n’étaient pas connues des autres filles. »
Une enquête interne est lancée et met au jour une situation qui dépasse largement les premières dénonciations. Les agents de l’administration pénitentiaire découvrent que, durant son séjour dans l’établissement, la jeune femme a séduit le directeur et un gardien de 36 ans, pour obtenir des colis, de l’argent, des cartes et des puces téléphoniques. En fin d’année, le directeur et le gardien ont été suspendus de leurs fonctions.
Mardi, le directeur, l’agent et la jeune femme ont été placés en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire de Versailles. Ils sont tous les trois passés aux aveux. « Le directeur explique qu’il est tombé amoureux, confie une source proche de l’affaire. Il comptait sur sa prochaine libération conditionnelle, car elle est bientôt arrivée à mi-peine, pour refaire sa vie avec cette fille. » Le gardien, moins impliqué, mais également sous le charme, avait fourni à Emma une puce téléphonique. Il a lui aussi été mis en examen avant d’être placé sous contrôle judiciaire avec une interdiction d’exercer.
Quant à Emma, elle a été mise en examen pour recel. Dans le petit monde carcéral, la jeune femme avait la réputation d’être capable de jouer de ses charmes pour obtenir tout ce qu’elle voulait. « Elle a fait perdre la tête » à ces deux personnes, confie une autre source proche du dossier.
La jeune femme a été condamnée au mois de décembre par la cour d’appel de Créteil à une peine de neuf ans, confirmant la décision prise en première instance. En janvier 2006, elle avait servi d’appât dans la nuit du 20 au 21 janvier 2006 pour permettre à ses complices d’enlever Ilan Halimi et de le séquestrer pendant vingt-quatre jours dans une cité de Bagneux (Hauts-de-Seine) où il avait subi des tortures de la part de certains de ses geôliers. Le jeune homme, ciblé parce qu’il était juif, avait été retrouvé agonisant le 13 février au bord d’une voie ferrée où l’avait laissé le chef du gang, Youssouf Fofana, après l’avoir poignardé et brûlé avec de l’essence. Il était mort pendant son transfert à l’hôpital. Youssouf Fofana a été condamné à la perpétuité.