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Soljenitsyne écrit l'histoire des juifs de Russie. Le marché de la poésie




« Si on tait notre passé, comment guérira-t-on notre mémoire ? » Cette question qui trouve bien sûr des échos en France, c’est Soljenitsyne qui la pose, au début d’un entretien accordé aux NOUVELLES DE MOSCOU, dont LE FIGARO nous propose la traduction. Un entretien accordé par l’auteur de « L’Archipel du Goulag », à l’occasion de la publication du premier tome de « Deux cents ans ensemble », un livre sur l’histoire des juifs de Russie dont la traduction paraîtra en France au début de l’année prochaine, aux éditions Fayard.

Soljenitsyne explique qu’il a voulu faire un travail d’historien et non de romancier dans cette trilogie qui couvre deux siècles 1795-1995, à partir d’ouvrages historiques et contemporains ainsi que sur des journaux, comme le journal « 22 », selon lui « le meilleur journal israélien en langue russe »…
L’histoire de la communauté juive en Russie telle qu’il la retrace met en lumière, par exemple, que les révolutionnaires de la Volonté du Peuple étaient aussi à l’origine des pogroms contre les juifs, que la question juive a souvent été utilisée par les libéraux dans leur lutte contre la monarchie : « ils étaient des pions dans leur jeu tout comme ils l’ont été par la suite dans ceux des bolchéviques, après s’être impliqué dans le mouvement révolutionnaire », résume-t-il, en ajoutant qu’il s’attend, avec ce livre, à être taxé « d’antisémitisme virulent », comme ce fut le cas lors de la parution « d’Août 14 ».
Et au journaliste des Nouvelles de Moscou qui lui l’interroge sur la partie de son livre qui « s’attaque au mythe de la Russie tsariste, prison des nations, oppresseur en particulier envers les juifs », l’écrivain répond : « certains attaqueront sans avoir pris connaissance des documents, d’autres critiqueront a-priori »… La polémique ne fait sans doute que commencer.

« Ce livre, c’est pour moi une obligation de mémoire » : c’est Louisette Ighilahriz qui parle ainsi dans un entretien que publie L’HUMANITE. Il y a exactement un an, c’est elle qui a relancé en France la polémique sur la torture pendant la guerre d’Algérie : le témoignage de cette ancienne combattante du FLN, torturée par les hommes de Massu et d’Aussaresses à Alger, publié par LE MONDE a alors soulevé la chape de plomb qui pesait sur le sujet depuis plus de 40 ans, relancé le débat sur la responsabilité directe du gouvernement français de l’époque.
Louisette Ighilahriz publie « Algérienne », aux éditions Fayard, un récit écrit avec l’aide d’Anne Nivat - les auditeurs de France Culture connaissent bien cette journaliste, Prix Albert Londres pour ses reportages dans la guerre de Tchétchénie-…

Un devoir de mémoire donc, « pour la jeunesse, dit Louisette Ighilariz et vis à vis des hommes et des femmes concernés, à des titres divers par l’atrocité de la guerre en Algérie… Le peuple français, à l’exception d’une minorité a voulu tirer le rideau sur ce qu’à l’époque on appelait les « événements… De même, en Algérie, nous n’avons pas dit explicitement aux générations successives ce qui s’était passé… C’est pourquoi j’ai décidé d’écrire, explique cette femme, très critique à l’égard de la volonté de Lionel Jospin pour qui, « cela ne doit être que l’affaire des historiens ». Une histoire qu’elle écrit donc à la première personne…

On passe maintenant au marché de la poésie qui se tiendra demain et vendredi Place Saint-Sulpice à Paris… L’occasion de faire le point sur le renouveau du genre…
Depuis une vingtaine d’années, poètes et éditeurs, amateurs et professionnels se retrouvent ainsi place Saint-Sulpice sur ce « Marché de la poésie », dans des ateliers d’écriture ou de lecture, dans un café littéraire… La scène poétique se porte bien. Elle est même en pleine ébullition, si l’on en croit LES INROCKUPTIBLES qui publient cette semaine une enquête sur « le réseau des revues de poésie, toutes fondées et animées par des poètes : elles dessinent un paysage cohérent et se font l’espace de toutes les expérimentations », écrit Nelly Kaprielian, en citant notamment les revues NIOQUES, créée par Jean-Marie Gleize, JAVA, fondée par Jean Michel Espitalier et Jacques Sivan ou encore, parmi les petites dernières, TIJA ou encore PLASTIQ, dont le dernier numéro confronte poésie et musique.
C’est justement ce qui définit cette jeune scène : elle est proche de l’art contemporain et de l’électro, joue avec le « sampling », le collage, voire la performance, comme le font Christophe Fiat, souvent accompagné d’une guitare électrique et Anne-James Chaton, qui mixe graphisme, philosophie, poésie et son. « Aujourd’hui, les notions de sampling et de collage sont plus présentes que jamais, même si elles ne sont pas nouvelles explique Jean-Marie Gleize, mais à la la différence des années 60, elle vont plus que jamais de pair avec de nouvelles réalités comme la techno, la page d’ordinateur ou même certains gestes comme le zapping »…

On zappe, justement, sur les sorties en salles…
La critique est très partagée sur le film des frères Podalydès, « Liberté Oléron », avec Bruno à la réalisation et Denis en père de famille névrosé qui prend la mer pour un naufrage annoncé : « On avait laissé denis Podalydès, alter ego du réalisateur en amoureux indécis. On le retrouve ici en chef de famille responsable avec quatre enfants à charge. Ils hélas certain que le cinéma des frères Podalydès ait parfaitement réussi à négocier ce passage accéléré à l’âge adulte, écrit Patrice Blouin dans LES CAHIERS DU CINEMA en doutant des capacités de comique de Bruno Podalydès : « Il a l’aisance d’un Gary Grant. Pourquoi lui confier un rôle à la Christian Clavier ? Le cinéma français a suffisamment de Dupopnt-La-Joie sans qu’il soit nécessaire d’en rallonger la liste ». « Un film à la mer ! » titre sobrement France SOIR pour couler un film dont l’intrigue ne tient pas la mer…
Pour LIBERATION, en revanche, « Liberté-Oléron » est « une fausse comédie de vacances, qui navigue même à quelques embardées de « Shining », quand une ombre de génocide familial traverse l’esprit tortueux du père »… LA CROIX y voit même « une fine étude de mœurs, dont la complexité se dévoile peu à peu, l’air de rien »…

Enfin, pour finir, je vous signale les reportages, dans LA CROIX et dans TELERAMA sur les répétitions du prochain spectacle de Royal de Luxe, la fabuleuse compagnie nantaise de théâtre de rue qui s’est installée pour plusieurs mois dans la campagne chinoise pour préparer une suite à ses précédentes tribulations africaines.
Et puis, dans LIBERATION, vous trouverez l’ incroyable et triste histoire de l’invention des farines animales en 1865 par le baron Justus von Liebig. L’’inventeur du célèbre bouillon du même nom a mis au point en Argentine ces farines à base de matières animales destinées à fortifier le bétail… L’histoire de ce qui sera le vecteur de la vache folle est retracée avec force détails par Corinne Bensimon, y compris le fait que, « pendant un siècle, l’usage des farines carnées a fait l’objet de recommandations scientifiques entérinées par des réglementations officielles, commentées dans la presse agricole »…