Quatre personnes ont été tuées et cinquante blessées, hier à Gaza.
La trêve négociée dimanche soir par l'Egypte entre le Hamas et le Fatah à Gaza aura fait long feu. Jamais depuis la formation du gouvernement d'unité nationale il y a deux mois, les violences entre les deux factions palestiniennes n'avaient dégénéré à ce point. Depuis vendredi, elles ont fait huit morts dont quatre dans la seule journée d'hier au cours d'une fusillade opposant plusieurs dizaines d'activistes du Hamas à des officiers de sécurité accompagnant un porte-parole du Fatah et une cinquantaine de blessés.
Ces affrontements ont éclaté après le déploiement, malgré des réticences du mouvement islamiste, d'une force de la Sécurité nationale, fidèle au président Abbas. Ils ont eu deux conséquences immédiates : la démission du ministre de l'Intérieur, Hani al-Kaouasmi, et le déploiement des forces de sécurité dans la bande de Gaza. Universitaire sans affiliation politique et sans expérience sur les questions de sécurité, Hani al-Kaouasmi avait été choisi comme une solution de compromis entre les islamistes du Hamas et les nationalistes du Fatah. Son départ redonne un certain avantage au Hamas puisque c'est le Premier ministre, du mouvement islamiste, Ismaïl Haniyeh, qui assumera son intérim. Mais ce sont des forces mixtes qui vont être déployées à Gaza car composées des services de sécurité contrôlés par le président Abbas qui dirige le Fatah et du ministère de l'Intérieur (qui relève du Hamas).
Ce déploiement réglera-t-il l'insoluble problème de la direction des services de sécurité et du ministère de l'Intérieur, département ultrasensible au sein du gouvernement palestinien puisqu'il est censé superviser ces services pour la plupart fidèles au Fatah, hormis la puissante Force exécutive créée par le Hamas ? La démission de Kaouasmi serait d'ailleurs due à son exaspération face à la concurrence exercée par le Fatah sur ses attributions théoriques.
Survie. Désormais en tout cas, les tensions sont telles qu'en dépit de l'accord conclu le 8 février à La Mecque entre les deux parties, c'est la survie même du gouvernement d'unité nationale qui est en jeu si les affrontements se poursuivent.
La situation suscite l'inquiétude de la communauté internationale qui redoute l'échec d'une relance du processus de négociation avec Israël.Elle risque en outre de compromettre la reprise de l'aide directe au gouvernement palestinien que la commissaire européenne aux Relations extérieures s'apprête à proposer aux 27. La France a appelé hier «l'ensemble des Palestiniens à respecter la trêve pour trouver un règlement pacifique à leurs différends». De son côté, Israël s'est réservé la possibilité d'intervenir à Gaza. Tout en y écartant pour l'heure une offensive militaire d'envergure.
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