MEMRI Middle East Media Research Institute
Dépêche fr. n° 234
Une ancienne garde du corps de Kadhafi témoigne
Ci-dessous des extraits d´un reportage sur Aziza Ibrahim, ancienne garde du corps du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, diffusé sur Al-Jadid/New TV le 27 février 2011.
Voir les extraits vidéo sous-titrés en anglais : http://www.memri.org/clip/en/0/0/0/0/0/0/2850.htm
"Il veut montrer qu´il est gardé par des femmes…"
Journaliste : Qu´est-ce que le village libanais d´Ainata a à voir avec Tripoli, en Libye ? C´est une bonne question. Dans ce petit village vit une femme prénommée Aziza, qui était autrefois garde du corps de Mouammar Al-Kadhafi.
Il ne reste à Aziza Ibrahim que des souvenirs. Aujourd´hui, 17 ans après son retour de Libye, la "nonne révolutionnaire" – c´est ainsi que Kadhafi appelait ses gardes du corps féminins – a décidé de reconnaître avoir été l´une d´entre elles. Elle n´a aucune photo ou preuves de ses dires en sa possession, mais nous la croyons, parce qu´elle en sait plus qu´elle n´est censée en savoir.
Aziza Ibrahim : Tout d ´abord, les femmes gardes du corps de Kadhafi doivent s´abstenir de se marier. Il les appelle les "nonnes révolutionnaires" ; or les nonnes ne peuvent pas se marier. Deuxièmement, elles doivent avoir une forte personnalité, parce qu´il faut qu´elles se débrouillent sans leurs familles.
[Une nonne révolutionnaire] peut être contrainte de tuer des membres de sa famille [à lui]. Une garde du corps du nom de Jamila Abu Ghneim s´employait à nous terroriser. Elle a tué son cousin [à lui], le colonel Hassan Shkeir Kadhafi. Il avait élevé la voix contre Mouammar au cours d´une dispute, en face de nous toutes, et pour cette raison seulement, elle l´a abattu, en présence de Kadhafi.
Reporter : En 1982, après l´invasion israélienne de Beyrouth, Aziza s´est rendue en Libye, dans le cadre d´un programme p our étudiants nassériens, et là, comme le destin - et les services de renseignement – l´ont voulu, elle a rencontré Mouammar Al-Kadhafi. Lors de sa première visite en Chine, elle l´accompagnait, en sa qualité de femme garde du corps sélectionnée [avec d´autres].
Aziza Ibrahim : Ses véritables femmes gardes du corps... Remarquez qu´il a deux femmes noires - un colonel et un capitaine. Les dix autres gardes du corps sont comme moi. C´est pour bien montrer que tous ses gardes du corps sont des femmes. Elles n´ont pas besoin d´être méchantes. Il veut montrer qu´il est gardé par des femmes, et non par des hommes, et qu´il favorise la condition de la femme, démontrant ainsi que les femmes sont les égales des hommes en matière de droits et de devoirs.
"Ils ont fait venir des étudiants pour les pendre"
Kadhafi a écrit dans son livre vert : "Les femmes sont des femmes, et les hommes sont des hommes. Les femmes donnent la vie, ce qui n´est pas le cas des hommes. C´est la seule différence." C´est écrit dans le Livre vert.
Reporter : Un jour, les comités populaires ont accompagné Aziza, avec d´autres gardes du corps de Kadhafi, et des étudiantes, jusqu´au complexe universitaire, où Kadhafi devait prononcer un discours. Ce qui s´est passé là-bas est inim aginable.
Aziza Ibrahim : Ils ont fait venir des étudiants pour les pendre. Il y avait un étudiant en droit, accusé d´avoir appelé une connaissance en Irak. Un autre étudiant venait de la Faculté des sciences économiques. Ils ont pendu quatre étudiants ce jour-là. Le premier qu´ils ont pendu n´est pas mort tout de suite. Ils lui ont tiré dans les jambes jusqu´à ce qu´il expire. Pendant ce temps, j´étais assise sur les marches. Je ne pouvais pas le supporter.
"…si elle était aujourd´hui encore son garde du corps, elle le tuerait elle-même"
A 2 heures du matin, ils ont fait irruption là où nous vivions, et ont déclaré : Rendez vous au complexe sportif. Ils nous ont saisies, dans l´état où nous nous trouvions, pour nous conduire dans une salle fermée du complexe sportif. Ils ont exécuté 17 étudiants - par des tirs, non par pendaison. 17 étudiants - sous nos yeux. Dans une salle fermée, les sons sont différents. Nous n´avions pas le droit de crier. Il fallait pousser [uniquement] des cris de soutien [aux bourreaux], parce qu´il s´agissait de traîtres. L´un d´entre eux n´était pas un traître. Son cousin était un pilote qui avait déserté. Ils n´ont pu mettre la main sur le cousin, et ils l´ont pris à la place.
Reporter : Aziza est submergée par l´émotion lorsqu´elle contemple l´homme en vert, qu´elle a autrefois protégé de sa vie, à l´approche de l´automne de son règne. Elle ne souhaite pas seulement sa mort, mais affirme que si elle était aujourd´hui encore son garde du corps, elle le tuerait elle-même.
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