Les fossoyeurs de Jedwabne - la Pologne et les Juifs

http://www.liberation.fr/livres/01012334120-les-fossoyeurs-de-jedwabne

Citation :

Les fossoyeurs de Jedwabne
Critique



Enquête sur le massacre, en 1941, de 1 500 Juifs par les habitants d’une ville polonaise où, soixante ans après, l’antisémitisme se perpétue


Par VÉRONIQUE SOULÉ «Ça me faisait plaisir de sauver la vie aux Juifs. Mais les gens voient ça de travers. Vous savez vous-même où on vit, alors dites-moi, combien il y a de gens à qui ça plairait que j’aie gardé des Juifs ? Un sur dix, et je dois compter large. ...

vous ne pourrez lire l'article que demain il sera libre, je pense. J'espère. Je l'ai lu sur Libération papier, aujourd'hui jeudi c'est le jour des livres.
L'auteur, Anna Bikont, a longtemps ignoré que sa mère était juive ; celle-ci, traumatisée et pas seulement par la Shoah, a longtemps nié son judaïsme ; dernièrement, l'une des filles de Anna Bikont a fait sa bat-mitzva.
Jedwabne c'est le village où fut massacré la presque totalité de la communauté juive ; une femme a sauvé 7 juifs ; pour ça, elle a eu la médaille des Justes, que sa fille a jeté. Aucune importance, dit la mère, je ne puis la montrer à personne. Si on a des amis juifs, on n'a pas d'amis polonais. Elle a reçu des coups de la part de ses compatriotes sa famille a été insultée ; elle a en définitive déménagé, l'un des juifs qui lui devait la vie a reçu de son frère d'Amérique de l'argent, il lui a acheté une ferme dans une autre région de Pologne.
Longtemps ce massacre a été mis sur le compte des allemands - tout à fait comme Katyn, que les russes ont attribué aux allemands.
Mais "seule la vérité est révolutionnaire", il a fallu quelques décennies, mais maintenant on sait que les villageois ont poussé les juifs à coups de bâtons, armés de couteaux et de fourches, vers une grange à laquelle ils ont mis le feu.

Une orgie de feu

http://www.cclj.be/article/1/1916

"Le 10 juillet 2001, à Jedwabne, le président de la République polonaise, Aleksander Kwasniewski, demande pardon au nom des Polonais. Acte courageux d’expiation face à l’opposition de la communauté locale. Durant l’affaire Jedwabne, de rares téméraires, tel le maire, Krzysztof Godlewski, ont cherché à dialoguer avec le passé douloureux de leur petite ville. Ils ont vite été réduits au silence et forcés de partir."
http://www.cclj.be/article/1/1916

Cette histoire a l'air de t'obseder. Elle ne fut pas unique, elle eut des paralleles encore plus tragiques.
Ainsi, on estime a plus de 200.000, le nombre de Juifs roumains assassines par leurs compatriotes roumains, qu'ils soient organises dans la Garde de Fer, ou dans l'armee roumaine ou de simples citoyens.
En 1944, en 6 semaines, pres de 500,000 Juifs hongrois furent deportes a Auschwitz sous l'oeil indifferent voire meme par la participation active de toute la population hongroise non-juive. Le nombre de "Justes" durant cette operation a ete minime.

on dirait qu'on ne nous aime pas beaucoup

georges972 a écrit:

Cette histoire a l'air de t'obseder. Elle ne fut pas unique, elle eut des paralleles encore plus tragiques.
Ainsi, on estime a plus de 200.000, le nombre de Juifs roumains assassines par leurs compatriotes roumains, qu'ils soient organises dans la Garde de Fer, ou dans l'armee roumaine ou de simples citoyens.
En 1944, en 6 semaines, pres de 500,000 Juifs hongrois furent deportes a Auschwitz sous l'oeil indifferent voire meme par la participation active de toute la population hongroise non-juive. Le nombre de "Justes" durant cette operation a ete minime.

ma défunte mère m'a raconté que l'un de ses oncles a été obligé, par ses voisins paysans comme ma grand-mère, de tourner dans une clairière jusqu'à ce qu'il s'écroule, mort.

et puis j'adore ces histoires de juifs cachés, surtout lorsque l'un des enfants fait sa bat-mitzva. Ce qui est important dans l'article, c'est moins l'histoire de Jedwabne que l'on connait par coeur, mais c'est la réaction des villageois ; coupables, mais pas fiers d'être coupables ; sinon, pourquoi nieraient-ils? pourquoi auraient-ils accusé les allemands?
par conséquent ils savent qu'ils ont mal agit ; ils ne le regrettent pas, ils sont antisémites comme je respire. Mais ils ne veulent pas s'en vanter. tu peux m'expliquer, Georges?

Et puis dans cet article, un bienfait n'est jamais perdu. Cette femme polonaise ne se vante pas de ce qu'elle a fait, elle a trop peur des conséquences. Mais elle a été récompensée ; un bienfait n'est jamais perdu, a certainement écrit Jean de La Fontaine.

Ces villageois ont fait ce qu'ils ont fait parce qu'ils croyaient bien faire. Apres tout, on leur donnait l'occasion de punir des membres du peuple deicide, et c'est ce qu'ils firent, tout en mettant main basse sur leurs possessions, toujours ca de gagne. Quelle ne fut leur surprise quand on vint les accuser d'avoir mal fait! Ils nierent tout en bloc, pas parce qu'ils avaient mauvaise conscience, mais parce qu'ils ne voulaient pas etre mis dans la meme categorie que les nazis et puis peut-etre qu'on viendrait leur demander de rendre ce qu'ils avaient pris. Guitl, tu es une citadine, tu ne sais pas ce qu'est un paysan et de quoi il est capable pour defendre son bien et pourtant tu as du lire Zola, ou de Maupassant, ou Giono...

Cela me rappelle une histoire dans une bourgade polonaise. Des Juifs, originaires de cette bourgade et etablis aux USA, y vinrent peleriner. Ils s'apercurent tres vite qu'ils n'etaient pas les bienvenus, des insultes pleuverent, mais comme il devait y avoir des policiers sur place, rien ne fut engage de plus. Devant une maison, un des visiteurs interrogea le Polonais qui y habitait. Celui-ci finit par avouer qu'effectivement cette maison appartenait a un Juif. Le visiteur lui demande alors si il avait trouve le tresor. Quel tresor? Eh bien, l'ancien proprietaire juif cacha dans sa maison ses biens, lui fut-il repondu.

Le Polonais detruisit la maison brique par brique pour retrouver ce tresor (qui n'avait jamais existe que dans l'imagination du Juif facetieux).