La Russie se prépare à un durcissement de la politique américaine à son égard après la victoire des démocrates, traditionnellement plus critiques à l'égard du Kremlin, aux élections de mi-mandat au Congrès américain.
Finie l’époque où George W. Bush regardait «son ami» Vladimir Poutine «dans le fond des yeux». Mais alors que le président russe s’attache à réaffirmer la grandeur de la Russie et que son homologue américain veut ramener dans son giron les ex-républiques soviétiques, la chaleureuse entente entre les deux hommes est de moins en moins cordiale.
Jeudi à Moscou, Vladimir Poutine a dénoncé le «diktat» et l’impérialisme» des Etats-Unis, au cours d’une conférence de presse avec son homologue grec Carolos Papoulios. «Le monde a changé et il y a eu des tentatives de le rendre unipolaire. Certains acteurs des affaires internationales ont voulu dicter leur volonté à tout le monde», a-t-il affirmé.
Vœu d’une Russie démocratique
La pique du chef du Kremlin intervient au lendemain d’une vive attaque de la secrétaire d’Etat américaine, Condoleeza Rice. Cette dernière avait émis le vœu, en recevant un prix en Allemagne, d’assister à l’avènement d’une Russie «forte, mais dans le sens du XXIe siècle», c’est-à-dire démocratique. Ambiance…
Une critique relayée par le président Bush, vendredi matin. «Nous nous inquiétons pour la démocratie en Russie. Vladimir Poutine nous assure que la démocratie va très bien dans son pays, mais nous voyons cela de façon différente» a déclaré Bush dans une interview, au quotidien polonais «Gazeta Wyborcza».
Bouclier antimissile
Autant dire que le G8, qui se tient dans moins d’une semaine en Allemagne, et la rencontre prévue début juillet entre Bush et Poutine s’annonce tendus. Au cœur des querelles, la volonté de Washington d’installer un bouclier antimissile en Europe de l’Est, comprenant dix missiles intercepteurs en Pologne et un radar ultra-perfectionné en République tchèque. Pour les Américains, il s’agit d’installer défensives cintre d’éventuelles attaques venues du Proche-Orient. Pour les Russes, il s’agit d’une atteinte à leur sécurité.
Se greffe à la colère de Moscou contre ce projet, l’affaire Litvinenko, cet ex-espion russe assassiné à Londres en novembre dernier. Mercredi soir, la Maison Blanche a en effet fait savoir qu’elle soutenait Londres dans ce dossier. Les Britanniques exigent des Russes l’extradition d’Andreï Lougovoï, un ancien membre du KGB soupçonné d’être l’auteur du meurtre. En guise de défense ce dernier, visiblement soutenu par le Kremlin qui refuse de l’extrader, accuse les services secrets britanniques d’être mêlés à l’affaire…
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