À lire dans le Blick (édition papier uniquement) d’aujourd’hui, cette critique du dernier livre de Hans-Peter Raddatz, Allah und die Juden – die Islamische Renaissance des Antisemitismus (Allah et les Juifs – la renaissance islamique de l’antisémitisme). Je traduis:
Ce n’est pas un livre qu’on repose l’esprit libre et content après avoir lu ses 318 pages. Ce n’est pas non plus un livre que l’on peut feuilleter au hasard. Soit on le lit de la première à la dernière page, soit on le laisse. Car ce livre est une épreuve intolérable, comparable au diagnostic d’un médecin informant un patient des progrès de sa maladie après qu’il l’ait traitée des années durant par l’imposition des mains, la prière et le magnétisme des guérisseurs.
Ce que Hans-Peter Raddatz écrit dans cet ouvrage sur la «renaissance islamique de l’antisémitisme» est plus que troublant, c’est bouleversant, comme le son strident d’une alerte incendie interrompant une garden-party.
Car il s’agit d’un thème obstinément ignoré, tant par les historiens et les journalistes que par les politiciens et les enseignants. Et quand bien même, uniquement sous la forme d’un double démenti: premièrement, les Arabes ne sauraient être antisémites puisqu’ils sont eux-mêmes, comme les Juifs, des Sémites; deuxièmement, les manifestations ponctuelles d’antisémitisme dans les pays musulmans (comme les nombreuses nouvelles éditions de Mein Kampf) ne seraient que des importations d’Europe étrangères à la culture arabo-islamique.
Raddatz balaie ces stéréotypes politiquement corrects: non seulement il existe un antisémitisme vital dans le monde islamique, écrit-il, mais il y a toujours existé; il a simplement été ignoré ou minimisé dans un souci d’harmonisation de l’histoire. Sa renaissance actuelle est due à deux circonstances: le conflit au Proche-Orient et la disposition des Européens à se laisser tromper, une «perte fondamentale des réalités» qui conduit à remplacer le monde réel par un univers imaginaire dans lequel on ne parle plus qu’en termes de «dialogue», de «respect» et de «tolérance».
Raddatz propose une vision très large. Il commence à l’ère préchrétienne et termine par l’«affaire des caricatures» en 2005/2006. Dans ce cadre, la naissance de l’Islam ne marque pas seulement l’entrée d’une nouvelle religion dans l’histoire. Car l’Islam est davantage qu’une profession de foi, c’est «l’ultime forme de vie, prescrivant toutes les pensées et tous les comportements», privant ainsi les croyants de la liberté de «faire d’autres choix» et imposants aux «incroyants», donc également aux Juifs et aux Chrétiens, le statut de «dhimmis», dépendant du bon vouloir des Musulmans. Aujourd’hui comme au VIIe siècle. Alors, l’objet de la haine était «les Juifs»; aujourd’hui, ce sont «les sionistes» et l’État d’Israël.
Raddatz parle avec une franchise qui le distingue de la majorité de ses collègues. Là où d’autres disent «Islamisme», il dit «terreur islamique»; là où on entend parler d’«islamophobie», il diagnostique un «pro-islamisme rampant» et là où certains se plient pour ne pas paraître intolérants, il se rit des «eurocrates» qui se font un devoir de «servir l’Islam» et de favoriser la «fusion de l’Islam et de l’Europe».
Afin que personne ne puisse dire, plus tard, qu’il n’a pas été prévenu.
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