Qeni, internaute, observe : "hormis quelques grincheux et cocus, la France est euphorique. Quatre cent députés de droite vont mener une politique de gauche! Que peut-on souhaiter de mieux? Et si l'on parle d'ouverture, c'est sans doute à propos des caisses de l'État." Il a eu envie de forwarder un article de Patrick Bonney polémiste et éditeur en Belgique.
ODE AUX PREMIERS DÉÇUS DU SARKOZYSME
Il n'y a pas un mois que Nicolas Sarkozy a été élu président de la République et déjà les premiers déçus du nouveau régime se font entendre. Il ne fallait pourtant pas être grand clerc pour deviner qu'il n'avait jamais été dans les intentions du nouveau président de mener une politique libérale.
Et si d'aucuns ont pu me reprocher ma mauvaise foi flagrante, il faut qu'ils sachent - privilège de l'âge! - qu'elle s'appuie sur la litanie sans fin des promesses non tenues et des retournements de veste dont les gouvernants français ont toujours été coutumiers.
De Pompidou, as du Meccano® étato-industriel, à Chirac, socialiste masqué, en passant par Giscard, plus libertin que libéral, les représentants de la droite française ont toujours été plus étatistes et dirigistes que libéraux. Même si parfois leurs programmes, leurs propos et leurs engagements laissaient entendre le contraire.
En France, les mots ont le sens qu'on veut bien leur donner et les promesses, comme le rappelait cyniquement Charles Pasqua, n'engagent que ceux qui ont la faiblesse ou la bêtise de les prendre pour de l'argent comptant.
Pourquoi devrait-il en être autrement? A fortiori quand on sait que celui qui priva le même Pasqua de la mairie de Neuilly et lui succéda au conseil général des Hauts de Seine est un certain... Nicolas Sarkozy. Bon sang ne saurait mentir!
J'avais, dès avant l'élection, fait part de mon inquiétude quant à l'interventionnisme malsain du ministre de l'Économie qu'il fut durant quelques mois. La façon désinvolte avec laquelle il avait traité le dossier EDF, faisant ami-ami avec les représentants de la CGT, ne laissait rien augurer de positif pour qui se fait une certaine idée de l'économie. Être cul et chemise avec le syndicat le plus rétrograde de la planète n'était pas la meilleure garantie d'en finir avec les prébendes et les abus notoires qui ont fini par rendre ingouvernables nombre d'entreprises publiques.
Et d'ailleurs, dès son accession au pouvoir, des signaux peu rassurants pour ses électeurs ont été adressés à ceux dont on aurait pu penser qu'ils étaient désormais les ennemis de classe du nouveau régime. D'autant que le premier ministre lui-même avait rappelé dans un élan d'enthousiasme, vite douché au demeurant, que le message des Français était clair à cet égard et que par conséquent, on leur ferait rendre gorge. Mais voilà, la diatribe est une chose et la réalité en est une autre.
On se souvient qu'Alain Madelin, libéral proclamé et a priori sincère, avait été, en 1995, limogé de son poste éphémère de ministre des Finances pour avoir affirmé que le gouvernement auquel il appartenait n'avait pas été nommé pour faire plaisir aux fonctionnaires. Celui qui avait mis fin brutalement à ses fonctions, premier ministre de l'époque, se nommait... Alain Juppé.
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