Terrible déflagration, hier après-midi, face à Metula, sur le bord oriental de la plaine du Merjin. Cela s’est produit à quatre kilomètre en aval de nos bureaux, entre la localité de Khiam et la ville chrétienne de Marjayoun. Les oreilles bien entraînées des Métuliens ont reconnu une charge imposante, probablement d’une cinquantaine de kilos ; de quoi détruire pratiquement n’importe quel véhicule militaire.
Le guet-apens s’est produit à quelques pas d’un portrait géant de Nasrallah : voir les corps calcinés sous le regard souriant du leader islamiste, c’est tout un symbole…
Modus operandi identique à celui employé par l’organisation terroriste du Hezbollah lors de l’attentat commis contre la patrouille de Tsahal qui avait déclenché la seconde Guerre du Liban : on place - on enterre ou on cache - une grosse charge au bord d’une route que l’on sait fréquentée par ses ennemis, et l’on attend, planqué derrière un bosquet ou un bloc de rochers. Au passage de la cible, on actionne la commande à distance sans fil et c’est le gros boum assuré. Six morts, des blessés graves.
C’est la première agression contre la FINUL depuis la guerre, et elle mérite mieux que des propos lénifiants et contrits. D’abord, pour noter que le fait de viser des militaires espagnols (et colombiens) ne doit rien au hasard : Zapatero s’était empressée de retirer ses troupes d’Iraq, dès après l’assassinat collectif à la gare de Madrid. Les islamistes ont de la mémoire et se disent que ceux qui cèdent une fois au terrorisme peuvent recommencer. L’Europe peine décidément à apprendre les leçons du chantage de la violence.
Autre constatation : l’attaque a eu lieu en pleine zone prétendument contrôlée par la FINUL. Mais à force de fermer les yeux sur la présence des terroristes et sur leurs agissements, on s’expose à ce genre de risques. Le Hezbollah a, en effet, disposé des dizaines de posters géants de ses leaders, et aussi des deux soldats israéliens qu’il a lâchement kidnappés. Les drapeaux rouges sur fond jaune, présentant un poing tenant une Kalachnikov, pullulent, de même que ceux de la Palestine, qui sont tous plus nombreux que les drapeaux libanais.
Et les combattants de l’ONU, de même que l’armée libanaise, sont obligés de passer sous ces fourches caudines plusieurs fois par jour. C’est histoire de leur montrer qui est le patron de cette région et de leur faire sentir qu’ils n’y sont que tolérés, ce, du moins, tant que les grands patrons de Damas et de Téhéran n’en auront pas décidé autrement.
Ce n’est peut-être pas le Hezb qui a fait le coup à Khiam, peut-être pas lui qui a tiré, la semaine dernière, neuf Katiouchas sur Kiriat-Shmona, mais qu’est-ce que cela change, Germaine ? Si ce n’est pas le Hezbollah, c’est le Fatah el-Islam ; si ce n’est pas le Fatah el-Islam, c’est le Fatah-Intifada, et si ce n’est pas le Fatah-Intifada, ce sont les dégénérés du FPLP Commandement Général d’Ahmad Jibril. C’est kif-kif, ils reçoivent tous leurs ordres, leurs armes et leur solde de Béchar Al Assad et d’Ahmedinejad. Leurs actions sont coordonnées au mètre et à l’heure près, aussi, faut-il tout le consensualisme béat des Occidentaux pour distinguer des nuances là où il n’en existe guère.
Les neuf grands tubes de Katiouchas avaient traversé la frontière syrienne, puis l’espace contrôlé par les séides de Damas, le Hezbollahland, au sud du fleuve Litani, avant de franchir allègrement les barrages de la FINUL jusqu’à leurs points de lancement. Les 50 kg d’explosifs ont suivi la même filière, ainsi que le matériel ayant servi à la mise à feu.
Reste une question, chers lecteurs de la Ména, vous qui ne ruminez pas de la luzerne en guise de petit-déjeuner : à quoi sert la FINUL ? Pas à commencer à voir ses membres se faire massacrer !
Il y a dix mois, certes, elle a accompagné l’armée libanaise lors de son déploiement le long de notre frontière ; sans l’encouragement matérialisé par la présence des casques bleus, l’armée de Beyrouth ne serait peut-être pas là.
Depuis, la FINUL s’expose inutilement, servant de bouclier humain de 1ère classe aux terroristes fondamentalistes qui se sont installés à quelques pas au nord de ses positions avancées. Tout cela découle du fait que l’armée onusienne s’est inventée un mandant qui n’est pas celui figurant dans la résolution 1701, qui devrait régir ses activités. Sa présence au Liban, sans s’assurer de l’exécution de la clause 14, demandant au Gouvernement libanais de sécuriser ses frontières et les autres points d'accès, de manière à empêcher l'entrée au Liban sans son consentement d'armes ou de matériel connexe et priant la Finul, comme elle y est autorisée au paragraphe 11, de prêter assistance au Gouvernement libanais sur sa demande, ne possède aucun sens.
Le gouvernement de Beyrouth a bien prié, instamment et de façon itérative, le contingent onusien de l’assister à colmater les nombreuses brèches parsemant sa frontière avec la Syrie. Mais l’ONU n’a pas bougé, ni du point de vue politique, en sanctionnant Damas au Conseil de Sécurité, ni sur le terrain, en se déployant à l’est de la Bekaa.
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