Si Condoleezza Rice avait pu dire récemment que l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence française ouvrait "une période excitante pour la France", la nomination de notre French Doctor bernard Kouchner, désormais ministre des Affaires Etrangères ne semble pas lui “faire le même effet”.
La secrétaire d'Etat américaine, et son nouvel homologue français n'ont pas masqué leurs divergences sur le Proche-Orient au cours de leur première conférence de presse commune dimanche soir à Paris. Tout en soulignant la convergence de vues de la France et des Etats-Unis sur la situation générale au Liban et dans les Territoires palestiniens, M. Kouchner a marqué sa différence sur l'aide à apporter aux Palestiniens, le comportement de la Syrie ou encore la légitimité populaire du Hamas.
Condoleezza Rice et Bernard Kouchner ont néanmoins condamné d'une seule voix dimanche soir l'"attentat" qui a coûté la vie à cinq soldats de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL).
I – Désaccord sur la Syrie
Rappelant "la détermination franco-américaine il y a trois ans qui a permis le retrait des troupes syriennes du territoire libanais", M. Kouchner a réaffirmé qu'il n'était "pas question que la France reprenne le dialogue avec la Syrie si ce pays ne donne pas des preuves concrètes de sa participation au mouvement de paix". Mais il a aussi rappelé que Damas avait dans le passé participé à des négociations de paix, mentionnant notamment l'accord de Taëf qui a mis fin à la guerre civile libanaise.
Pour sa part, Mme Rice n'a semble-t-il pas trouvé l'once d'un élément positif concernant le régime syrien, que Washington accuse de déstabiliser le Proche-Orient.
II – Divergence sur la question palestinienne
Questionnés sur les Palestiniens, les deux diplomates ont apporté un soutien marqué au président Mahmoud Abbas. Mais tandis que Mme Rice réaffirmait sa détermination à "ne pas soutenir le Hamas", en référence au blocus financier international imposé aux Palestiniens après la victoire électorale du mouvement radical palestinien l'an dernier, M. Kouchner a regretté de ne pas avoir pu aider davantage les Palestiniens.
“Nous avons été partisans de les aider directement mais nous n'avons pas été suivis", a-t-il noté, faisant allusion aux refus répétés de Washington d'alléger le blocus lors des discussions du Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Union européenne, Russie, ONU), alors que les Européens et la Russie plaidaient en faveur d'une reprise de l'aide directe.
Alors que le chef de la diplomatie américaine rejetait à nouveau toute légitimité aux deux gouvernements palestiniens constitués depuis un an avec le Hamas, le ministre français a rappelé que le mouvement radical avait bel et bien gagné les élections législatives de 2006.
"Certains disent qu'il y a deux directions palestiniennes", a déclaré Mme Rice en référence à la nouvelle situation créée par la prise de la bande de Gaza par le Hamas. "Il n'y a qu'un président palestinien, c'est Mahmoud Abbas. Il n'y a qu'un gouvernement palestinien et c'est le gouvernement d'urgence que le président Abbas a mis en place", a-t-elle ajouté.
"Il y a un président palestinien, c'est Mahmoud Abbas", a renchéri M. Kouchner. "Il n'empêche que le Hamas avait gagné les élections et qu'il faudra s'interroger un tout petit peu sur ce qu'on peut faire maintenant".
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