Pour autant, les autorités religieuses musulmanes ne peuvent pas faire l’impasse sur l’interpellation sanglante que leur adressent les drames de Toulouse et de Montauban, commis au nom d’Allah qui ordonnerait de tuer les juifs et de faire la guerre aux mécréants, même si – surtout si – ces actes sont en contradiction avec les fondements de leur religion. Il revient aux musulmans qui disent redouter les amalgames entre islam et islamisme de se désolidariser clairement et massivement de ces drames, par exemple en manifestant en très grand nombre. En effet, a-t-il souvent existé, dans l’histoire, des discours de cette nature, mêlant l’invocation divine, la prière, l’invitation au meurtre, le désir d’extermination ? Puisqu’Allah est cité à chaque phrase du tueur, les autorités morales de l’islam ne se doivent-elles pas de condamner, mais aussi de prévenir, d’une seule voix et avec la plus grande fermeté, ce genre de délire ? Ce sont elles les gardiennes de l’image que le monde islamique veut donner de D-ieu. Si elles condamnent les attentats, elles se montrent jusqu’à présent peu enclines à aller au-delà de propos émotionnels que nous avons, hélas, beaucoup entendus ces dernières années, comme si elles hésitaient à se couper de la faction la plus intégriste de leurs fidèles.
http://jssnews.com/2012/03/29/reflexion-de-gilles-bernheim-grand-rabbin-de-france-sur-le-drame-de-toulouse/