Le dernier du Groupe G raconte : le 19 avril 1943, Robert Maistriau a arrêté un convoi de 1.636 Juifs pour Auschwitz
L'histoire, dit-il, est connue en Israël et jusqu'en Amérique. C'est l'histoire du 20e Convoi, la seule entreprise menée sous l'Occupation pour stopper un convoi de Juifs déportés vers les camps de la mort. Cette action fut menée en Belgique, entre Malines et Louvain, le 19 avril 1943 par trois Bruxellois. À 86 ans, le dernier des trois, Robert Maistriau, vit à Woluwe. À l'écouter, c'est comme si c'était hier.
L'oeil bleu clair, délavé, presque transparent, reste vif. L'histoire, dit-il, a souvent été enjolivée.
Des inexactitudes se sont glissées : Robert Maistriau, ce héros oublié, s'amuse à raconter comment il a suffi d'une lampe, d'un papier rouge et d'un courage dingue pour forcer un train de déportation contrôlé par les Allemands à s'immobiliser en rase campagne.
Trois copains de l'athénée d'Uccle. Robert dit aujourd'hui qu'il se sentait plus proche de Jean Franklemon avec lequel il parlait philosophie en remontant l'avenue Brugmann. C'est le troisième, Yura Livschitz, qui l'a embarqué dans l'aventure. C'est de Yura, dit-il, que provenaient les renseignements.
Depuis l'année précédente, Maistriau, 21 ans, alors étudiant en médecine à l'ULB, faisait partie du Groupe G que dirigeait Robert Leclercq. Aujourd'hui, quand on lui demande : "pourquoi la Résistance ? ", Robert répond qu'il avait perdu son père à l'âge de 8 ans, que son père, un général médecin, avait dirigé en '14 l'évacuation de l'HM d'Anvers.
Pour autant, Robert a trop de pudeur pour admettre en public que c'est ce papa qu'il n'a quasi pas connu, qui l'a amené, dès 1942, à marcher dans ses pas.
La date du 20e convoi de déportation juive (sur les 28 au total qui partirent de Belgique) lui avait été communiquée la veille par Yura Livschitz. Maistriau avait acheté la lampe, sans doute une lanterne, dans un magasin de la rue Haute ou de la rue Blaes. Il avait chipé le papier rouge à sa mère. Le fameux 19 avril 1943, ils sont partis, à 3, à vélo, direction Bortmeerbeek. Se sont cachés, "dans une courbe" . Ont attendu la nuit. Robert Maistriau situe le passage du train vers 23 h. Yura avait prétendu qu'il était armé mais les deux autres, qui ne l'étaient pas, n'ont jamais vu l'arme. Comment, sans explosif, ont-ils stoppé le train ?
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dhnet