Il y a dix ans tout juste paraissait l’ouvrage collectif intitulé Les territoires perdus de la République, coordonné par Emmanuel Brenner, pseudonyme de l’historien Georges Bensoussan.
Le livre, composé des témoignages de plusieurs enseignants, réédité dans une version élargie en 2004, faisait était de vastes zones de notre pays où le droit républicain semblait en déshérence : d’un antisémitisme crûment exprimé aux difficultés d’enseigner l’histoire de la Shoah, le tableau montrait une partie de la France (plus tard désignée sous l’appellation de « quartiers sensibles ») où l’intégration de populations étrangères, venues pour beaucoup d’Afrique (du Nord et d’Afrique noire) semblait en panne.
Là, la condition féminine régressait de façon caricaturale et le machisme s’y exerçait parfois ouvertement, jusqu’à la violence ouverte. Là aussi, progressivement, l’islam devenait une structure d’accueil pour des jeunes en crise d’identité.
Echec social, échec scolaire, confinement dans des quartiers relégués à la périphérie des villes, la “crise des banlieues” comme on disait était en réalité la crise de la nation française tout entière, et sans doute depuis 1945 la crise plus profonde qu’elle ait eu à gérer.
La périphérie était devenue le cœur du pays, résultat d’un choc démographique qui, à partir des années 1980, avait donné naissance à une France multi ethnique. Et de plus en plus multi culturelle.
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