http://judaisme.sdv.fr/perso/vigee/judaisme/kipour.htm
Pour beaucoup de Juifs assimilés ou indifférents, qui ne mettent jamais les pieds à la synagogue au cours de l'année, le Qol Nidrei reste sacré, même s'ils quittent l'office du soir de Yom Kipour aussitôt après. Plutôt que "Juifs de Kipour" il faudrait les appeler "Juifs de Qol Nidrei". D'ailleurs la plupart d'entre eux viennent écouter religieusement cette mélopée ancestrale sans trop savoir pourquoi, vu leur ignorance totale de l'hébreu comme de l'araméen !.. Pourtant, même chez certains agnostiques, l'écoute du Qol Nidrei a joué un rôle déterminant dans la conversion de leur cœur, et le retour soudain vers leurs racines spirituelles. Souvenons-nous du cas du grand compositeur Arnold Schönberg, et surtout de celui du philosophe judéo-allemand Franz Rosenzweig qui était, dans sa jeunesse, au bord de l'apostasie et de sa conversion au christianisme environnant. Revenant boire ce soir-là, pour la dernière fois, à la source hébraïque originale de la Torah, tout-à-coup il a "refait son âme" : il est devenu le plus important philosophe juif de sa génération, parce qu'il a entendu cantiler in extremis le Qol Nidrei de ses pères à la synagogue de Berlin, la veille de son baptême. Cette brusque illumination imprévisible nous rappelle la révélation faite à Paul Claudel sous les voûtes du chœur de Notre-Dame de Paris vers 1886. C'est une expérience inattendue, foudroyante, une conversion au sens littéral du terme : le renversement total de l'être intérieur.